mardi 24 novembre 2009

Redevenons classiques !

Comme tous les écrivains classiques, Florian a adopté, dans son écriture le principe de l'imitation : il n'inventait pas le sujet de ses fables, à quelques rares exceptions près; il "empruntait" des sujets qui avaient été traités par les auteurs grecs et latins de l'antiquité ou par des contemporains allemands, anglais ou espagnols. Vous pouvez comparer cette fable avec "Le vieux Arbre et le Jardinier", p. 73 et vous constaterez que le travail d' "invention" des auteurs classiques ne consistait pas seulement à mettre un matériau tout prêt en vers.

Le laboureur et l’arbre qui ne donnait pas de fruit

Il y avait dans le champ d’un laboureur un arbre qui ne portait pas de fruit, et qui servait uniquement de refuge aux moineaux et aux cigales bruissantes. Le laboureur, vu sa stérilité, s’en allait le couper, et déjà, la hache en main, il assénait son coup. Les cigales et les moineaux le supplièrent de ne pas abattre leur asile, mais de le leur laisser pour qu’ils pussent y chanter et charmer le laboureur lui-même. Lui, sans s’inquiéter d’eux, asséna un second, puis un troisième coup. Mais ayant fait un creux dans l’arbre, il trouva un essaim d’abeilles et du miel. Il y goûta, et jeta sa hache, et dès lors il honora l’arbre, comme s’il était sacré, et il en prit grand soin.
Ceci prouve que par nature les hommes ont moins d’amour et de respect pour la justice que d’acharnement au gain.
Esope (trad. Chambry, 1927)


Vous pourrez ensuite tenter de faire la même chose avec cette fable d'un certain Yriarte, poète espagnol - Florian a traduit certaines fables d'Yriarte en français ainsi que le Don Quichotte de Cervantès qu'il a réduit - on le considère, à ce titre, comme le père du classique abrégé. Vous trouverez d'ailleurs dans les Fables (p. 163) une amusante parodie du Don Quichotte.

La fable à mettre en vers :

L’Âne et la flûte

Que cette fable ait du succès ou non, peu m’importe, le hasard vient de l’offrir à mon imagination.
Un âne passait par hasard dans une prairie, près de mon village, il y trouva une flûte qu’un jeune berger avait laissée par hasard. Il s’approcha pour la flairer et, par hasard, il souffla dessus plusieurs fois avec force ; l’air s’introduisit dans la flûte qui, par hasard, rendit un son : « Oh ! oh ! dit maître Aliboron, que je joue bien de la flûte ! et l’on répètera que la musique des ânes ne vaut rien ! »
Sans observer les règles, il y a des sots qui réussissent quelquefois, par hasard.
Yriarte, Fables (Trad. Jauffret, Lettres sur les fabulistes,
tome troisième, p. 181 – voir bibliographie).

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