jeudi 4 mars 2010

Quand le docteur devient pasteur...

Little Women, un roman culte ! Je crois qu'il n'y a pas de meilleure expression pour qualifier l'oeuvre de Louisa May Alcott, Dans les trente ans qui ont suivi la publication du roman, en 1869, il s'en est vendu plus d'un million sept cent mille exemplaires, rien qu'aux Etats-Unis. Ce qui, au XIXe siècle, constitue un véritable record.
Le cinéma s'est emparé de l'oeuvre dès 1933, il a grandement contribué au succès de, ce qui en France était connu sous le titre des Quatre filles du docteur March. C'est Hetzel (l'éditeur de Jules Verne) qui lorsqu'il voulut diffuser le roman fit du "chaplain March", un "docteur March". Il s'agissait pour lui d'éviter les questions religieuses, dans une France qui se laïcisait, le processus engendrait alors de nombreux conflits. Il voulait aussi éviter que les enfants n'aient pas à se poser d'embarrassantes questions sur ce prêtre, père d'une famille nombreuse, qui ne pouvait manquer de paraître exotique en France.
Il y aura bien d'autres traductions : Les soeurs March, Petites bonnes femmes, Petites femmes. Mais aucune ne parviendra à s'imposer et le roman de Louisa May Alott reste, pour le monde francophone, Les quatre filles du Dr March, au mépris de toute fidélité au texte original! C'est peut-être Malika Ferdjoukh qui a trouvé la solution dans la nouvelle adaptation qu'elle propose : Les quatre filles du pasteur March. Malika Fedjoukh est une incondtionnelle de cette histoire. Ceux qui connaissent son oeuvre s'en seraient doutés. Ses Quatre soeurs multiplient les clins d'oeil aux filles March.
Cette nouvelle version sera l'occasion, pour ceux d'entre vous qui ne le connaîtraient pas, de découvrir, ce classique de la littérature américaine. Ce roman dont le propos peut sembler anodin : il raconte une année dans la vie d'une famille américaine dont le père, pasteur, est parti servir l'armée abolitionniste, pendant la guerre de sécession. Le récit est plein de bons sentiments, Meg, Jo, Beth, Amy, marquées par le Voyage du pèlerin de Bunyan, tentent de se conduire en parfaites chrétiennes. Mais la figure de Jo, dans laquelle se projette probablement son auteur, annonce la femme moderne : son refus des conventions, ses aspirations à l'indépendance, à la reconnaissance. La plume alerte de Malika Ferdjoukh donne en outre à ce petit roman un coup de jeune bienvenu qui le dépoussière et fait ressentir le tonus du personnage principal.

Les références du livre : Louisa May Alcott, Les quatre filles du pasteur March, École des loisirs, 2010. Acquisition récente du CDI.

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