dimanche 21 novembre 2010

Le Courage du papillon


Le courage du papillon, joli titre, un peu énigmatique, qui nous fait penser à l'étrange métaphore d'Edward Lorenz : ce battement d'aile du fameux papillon brésilien qui provoque une tornade au Texas... Et il y a quelque chose de cet ordre là, dans le livre, une accumulation de petits riens qui laissent pressentir une catastrophe. C'est le traducteur, Jean Esh qu'il nous faut féliciter puisque le titre américain Missing girl ne laissait rien transparaître de cette subtilité .
L'histoire, à la manière des Quatre filles du docteur March est l'histoire d'une fratrie de cinq soeurs. Beauty est la soeur ainée, mal nommée, parce qu'un peu boulotte, elle ne rêve que d'une chose au début du roman : quitter Mallory, le bled paumé où elle vit depuis toujours. Sa résolution est prise, ferme définitive. Le roman la conduira à revenir sur ce qu'elle prenait pour son destin.
Le papillon c'est Autumn, la plus jeune, la plus fragile peut-être. Dès sa première apparition elle est saisie d'un mal de ventre emblématique à l'idée d'aller à l'école, difficile de sortir du cocon. Comme souvent dans ce genre de roman, chaque personnage se voit doté d'un mode de narration particulier, Autumn, de façon tout aussi emblématique, parle à la deuxième personne. On pourrait craindre l'artifice mais non! ça passe et la narration contribue efficacement à caractériser les personnages y compris cet intrus qui se glisse dans la vie des cinq soeurs sans qu'elles le distinguent jamais. Un malade mental, qui n'a pas seulement pour fonction de faire croître le suspens mais qui nous fait aussi pénétrer l'esprit du mal et nous interroge, en un certain sens, sur la différence.
Un roman réussi donc parce qu'il renouvelle un mythe connu, parce que son auteur est un véritable écrivain qui sait adapter sa narration aux situations, aux personnages, parce que le suspens y est savamment dosé et parce que, sans cesse, il nous promène sur un fil : nous prenons conscience qu'à tout moment quelque chose risque de rompre, que le bonheur est éphémère et fragile comme la vie d'un papillon.

Site de Norma Fox Mazer : http://normafoxmazer.net/

Niveau : 4e, 3e

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