lundi 27 septembre 2010

Crimes et jeans slim de Luc Blanvillain

Le problème du roman policier pour la jeunesse, c'est qu'il est souvent plus policé que criminel, l'auteur évite, la plupart du temps, le crime horrible pour faire porter l'attention de son lecteur sur le (les) enquêteur(s). Rien de tel ici, Luc Blanvillain met en scène un véritable sérial killer qui s'attaque aux filles branchées d'un lycée. Notre tueur est méthodique et soigneux, une balle dans le front et l'affaire est réglée. Ses victimes? Les "pétasses", une bande de filles qui vénèrent l'idéal de la marque, excluent férocement tous ceux qui ne leur ressemblent pas et dénient toute espèce d'intérêt pour les cours du lycée, sauf lorsqu'il sont dispensé par le jeune et séduisant prof de gym., Anthony.
Adélaïde (Adé pour la bande) a vite compris que pour survivre au lycée elle devrait s'intégrer à la bande des "pouffes" (comme elle se surnomment elles mêmes) formée de Mélanie, Pauline et Emma. Elle mène donc une double vie: elle est, chez ses parents, la sage Adélaïde qui cultive son goût pour la musique et la littérature mais elle devient, dans la journée Adé, la plus branché des "pouffes" en jeans slim et tenues provocante. Mauvais calcul, surtout quand le tueur après avoir assassiné la première d'entre elles inonde la ville de tacts promettant de débarrasser le lycée des jeunes filles dépravées.
Adé pourra toutefois compter sur son frère que passionne la vie des éléphants et sur Thibault, un "intello", non dénué de charme et qui ne se laisse pas trompé par les apparences.
Le roman est drôle, malin mais un peu trop manichéen, l'auteur semble prendre un plaisir non dissimulé à exécuter ses "pouffes" et son coupable, quand on a saisi son système de valeur n'a hélas rien d'étonnant. La caricature des lycées est malgré tout amusante et le récit vous emporte tant pas son rythme haletant, que par la qualité de ses dialogues qui dessinent des personnages bien campés.

Luc Blanvillain, Crimes et jeans slim, quespire éditeur, 2010. (nouveauté cdi)

Voir aussi la chronique de notre libraire préférée :
http://www.initiales.org/Crimes-et-jeans-slims.html

Niveau : 4e-3e

dimanche 5 septembre 2010

Marguerite Yourcenar

Ce n'est pas seulement parce qu'elle fut la première femme élue à l'académie française que Marguerite Yourcenar (1903-1987, de Crayencour, de son vrai nom) occupe une place de premier plan dans la littérature française, c'est avant tout parce qu'elle laisse une oeuvre variée, éclectique rédigée dans une langue somptueuse.
Orpheline de mère pratiquement dès sa naissance, la jeune Marguerite est élevée par sa grand-mère et par son père qui l'emmène dans ses voyages (Angleterre, Suisse, Italie...). Ce père pour qui elle a une grande admiration décède en 1929. Elle entreprend alors elle même une série de voyages qui ne resteront pas sans écho dans son oeuvre future, ses terres de prédilections étant la Grèce, l'Italie, les Etats-Unis et le Japon.
Les Nouvelles orientales d'où provient le "dernier amour du Prince Genghi" sont publiées en 1938, Marguerite Yourcenar a déjà publié plusieurs romans et traduit Virginia Woolf. Ces nouvelles envisagent l'Orient dans une acception très large puisque l'Orient de M. Yourcenar est un peu celui des romantiques qui englobait le pourtour méditerranéen. Son intérêt pour le Japon se manifestera aussi par la publication d'un essai consacré au grand écrivain japonais Mishima, Mishima ou la vision du vide (1980).
En 1950, Marguerite Yourcenar se retire sur l'île des Monts désert (au large des côtes du Maine - Etats-Unis). Son chef d'oeuvre, Les Mémoires d'Hadrien, est publié l'année suivante. Il s'agit d'un roman historique dans lequel Marguerite Yourcenar confie la parole au grand empereur roman Hadrien. Tout en reconstituant la vie de l'empereur, l'auteur nous met en présence d'un humain particulièrement clairvoyant dont les méditations, les tâtonnements philosophiques constituent une véritable leçon de vie. L'ouvrage est écrit dans une langue magnifique, précise et rythmée mais difficilement accessible pour des collégiens.
Ses Nouvelles orientales (en particulier "Comment Wang Fo fut sauvé" ou "Kali décapitée)" sont accessibles de même que ses traductions de negro-spiritals (Fleuve profond, sombre rivière). Jusqu'au bout Marguerite Yourcenar aura voyagé, explorant les mystères de l'âme et la diversité culturelle de sa planète. C'est cette diversité, le sentiment d'étrangeté qui nous saisit face à l'autre qu'elle a cherché à mettre en oeuvre dans son écriture.

Informer, s'informer déformer

  Classiques Maupassant,  Bel Ami **, l’école des loisirs ; Jules Verne,  Michel Strogoff **, l’école des loisirs ; Jules Verne,  La Journée...