vendredi 4 février 2011

Colloque sentimental

Ce sont les tableaux de Watteau qui ont inspiré à Verlaine ses Fêtes Galantes. Etrange petit recueil dans lequel Verlaine restitue l'univers du peintre, la fête bien sûr mais aussi cette étrange langueur qui pèse sur les personnages : appréhendent-ils la dimension artificielle de toute fête? Ont-ils saisi combien la fête représente justement la vie humaine qui ne dure qu'un temps? Le poème qui clôt le recueil est sans doute le plus étrange et sans doute aussi aussi le plus désenchanté, la fin d'une illusion...
Dans le vieux parc solitaire et glacé Deux formes ont tout à l'heure passé. Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles, Et l'on entend à peine leurs paroles. Dans le vieux parc solitaire et glacé Deux spectres ont évoqué le passé. - Te souvient-il de notre extase ancienne ? - Pourquoi voulez-vous donc qu'il m'en souvienne ? - Ton coeur bat-il toujours à mon seul nom ? Toujours vois tu mon âme en rêve ? - Non. - Ah! les beaux jours de bonheur indicible Où nous joignions nos bouches ! - C'est possible. - Qu'il était bleu, le ciel, et grand l'espoir! - L'espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir. Tels ils marchaient dans les avoines folles, Et la nuit seule entendit leurs paroles.
Verlaine, Fêtes galantes, 1869.
Ill. Watteau, "Les deux cousines" , Louvres (1718)

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