Nous
étions dans le train de l'Orient Express, bloqué par une congère.
Poirot poursuivait son interrogatoire. Il tentait de découvrir le ou
les assassin(s) du meurtre de la veille. Le compartiment dans lequel
nous nous trouvions était un compartiment de seconde classe et il
était à peine chauffé. Des flocons de neige se posaient sur les
vitres et fondaient lentement pour se transformer en gouttes d'eau
qui glissaient le long de la vitre. Nous mis à part, le wagon était
désert.
Poirot commença par demander au colonel Arbuthnot s'il fumait la
pipe. Et s'il était le seul parmi les autres voyageurs à fumer.
Je me tenais juste derrière le colonel. Je feignais l'indifférence,
mais, en réalité, j'étaits morte de peur à l'idée que Poirot
découvre le pot-aux-roses. A mes yeux, tout cela n'avait rien d'un
crime injustifié, au contraire, c'était une vengeance légitime et
normale. Mais qu'en était-il des autorités? Elles ne seraient pas
du même avis, c'était certain.
Le directeur de la compagnie observait la scène. Il se tenait raide
comme un piquet près de la table à laquelle étaient assis Poirot
et le colonel.
Celui-ci, réticent, finit par acquiescer. Poirot continua en
déclarant qu'un de ses cures-pipes avaent été retrouvés près du
cadavre.
“Mince!” pensais-je. J'avais pourtant pris garde de ne laisser
aucune trace! Et voilà qu'un simple cure-pipe mettait leurs vies en
danger!
Le colonel rétorqua qu'aucune trace ne permettait d'affirmer le
fait que ce cure-pipe lui appartenait. Il se leva à demi, les poings
sur la table et cria que si Poirot voulait l'inculper de ce crime, il
préfèrerait régler cela sans la présence d'une étrangère. Il me
désigna du doigt. Je pris un air offusqué, bien que je songeai
qu'Arbuthnot avait bien réagi en s'indignant de la sorte.
Il se rassit. Poirot mit en doute cette affirmation, en rapportant
quelques bribes d'une de mes conversations avec le colonel qu'il
avait saisie. Il souligna le fait que les phrases “Mary comme je
voudrais vous voir en dehors de tout cela” et “quand tout sera
fini” étaient des plus suspectes.
Mais lorsqu'il nous demanda la véritable signification de cette
échange, nous répondîmes tous deux que nous ne pouvions lui
répondre. J'ajoutais que je pensais que ce meurtre me semblait plus
être un crime passionnel qu'autre chose. Et que j'avais d'autres
choses à faire que de tuer un inconnu.
Poirot rétorqua que cette affaire n'avait, selon lui, rien d'un
crime passionnel. Il y voyait plutôt un acte commis de sang-froid.
Il nous proposa de changer de pièce. Nous entrâmes dans une pièce
étroite où se trouvait un canapé vert, un tapis dans les mêmes
tons et une moquette pourpre.
Poirot, suite à sa dernière réplique, rappela le sang-froid que
j'avais eu à Istambul lorsque j'avais observé le meurtre de cette
femme infidèle. Et il était maintenat certain qu'il y avait un
rapport quelconque entre la victime et moi-même.
“Ce n'est pas assez pour prouver que j'ai trempé dans cette
affaire” me dis-je. Je me tournai vers le détective et je le
sommai de cesser d'insinuer quoi que ce soit à mon sujet. Je
déclarai avec aplomb que je n'avais rien à voir avec ce meurtre.
Le détective n'en parut pas affligé et me demanda si je savais
quelque chose à propos du meurtre de Mademoiselle Armstrong.
J'affirmai mon ignorance à ce sujet. Poirot se tourna vers le
colonel et lui posa la même question. Celui-ci répondit en avoir
vaguement entendu parler par la presse. Il savait que le colonel
Armstrong était célèbre pour ses exploits, il avait d'ailleurs été
décoré de la Victoria Cross, mais il n'avait jamais eu l'occasion
de le rencontrer.
Poirot réfléchit un instant. Je m'assis sur le canapé. Poirot
révéla alors que Ratchett, la victime, était l'assassin de Daisy
Armstrong. Le colonel en déduisit que, le meurtrier ayant été tué,
il n'avait eu que ce qu'il avait mérité. Mais il pria le détective
de ne pas mal interprétr ses paroles. Il rectifia, en disant que
comme il était officier, il désaprouvait la vengeance , même si
c'était pour tuer un criminel. Il estimait que seule la justice
devait se charger de tels cas.
Poirot,
m'accusa de lui avoir menti en disant tout ignorer des Armstrong. Il
ajouta que la comtesse lui avait dévoilé que j'avais été la
gouvernante de Daisy.
Folle
de rage, je m'insurgeai. Poirot relata comment cela c'était produit.
La comtesse, qui ne savait pas bien mentir, lui avait dit que sa
gouvernante s'appelait Freebody. Malheureusement pour elle, Poirot
avait fait le rapprochement entre Freebody et Debenham, comme le nom
du magasin. Il en avait conclu que j'avais été au service de la
comtesse, en tant que gouvernante.
Mathilde dB
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