I. Définitions
En
français, l’accent se place sur la dernière syllabe d’un groupe grammatical. Par
groupe grammatical, il faut entendre un ensemble syntaxique autonome : un groupe
nominal, un ensemble sujet verbe, une interjection… L’accent ne porte jamais
sur le « e » muet (caduc). Et la pause survient immédiatement après
l’accent.
Un soir,/ t'en souvient-il ?// nous voguions/
en silence,
Lamartine,
« Le Lac », Méditations poétiques,.
On obtient
ainsi un rythme 2/4 // 3/3, rythme caractéristique de l’alexandrin binaire qui
repose sur une césure à l’hémistiche (syllabe médiane).
2. Les rythmes de l’alexandrin
a. Rythmes binaire et ternaire
Dans ’alexandrin
classique postule le rythme binaire est une nécessité, il est marqué par deux
accents répartis de façon sensiblement égale sur chaque hémistiche
Eva/ qui donc es-tu ?// Sais-tu bien/ ta nature ?
Sais-tu/ quel est ici// ton but/ et
ton devoir ?
Vigny,
« La Maison du berger », Les Destinées.
Les vers
suivent les rythme, 2/4//3/3, 2/4//2/4, rythmes binaires réguliers.
Les
romantiques ont revendiqué la paternité de l’alexandrin ternaire qui passait
pour une audace. Hugo l’utilise en fait assez peu.
Si j’étais Dieu/ ; la terre et l’air/ avec les ondes
Hugo,
« A une femme », Les Feuilles d’automne.
Si le rythme
binaire souligne un effet d’insistance (le martèlement du questionnement chez
Vigny), le rythme ternaire par son amplitude rend compte de la dimension
spatiale d’une rêverie cosmique
b. Le rythme accumulatif
L’accent
peut se démultiplier de façon anarchique ainsi dans ces deux vers de Verlaine,
à l’extraordinaire régularité binaire du premier vers (3/3//3/3) qui fige
l’expression dans une immobilité statuaire, succède un rythme accumulatif
(1/3/2/2/2/2) qui mime les inflexions dune voix hésitante :
Son regard est pareil au regard des
statues
Et/ pour sa voix/ lointai/ne et cal/me et
gra/ve elle a
Verlaine,
« Mon rêve familier », Poèmes
saturniens.
c. Le rythme croissant
Les accents
s’espacent progressivement pour créer un effet d’éloignement (2/4/6)
Partir/ en s’embrassant// du nid qui les rassemble
Lamartine,
« Chant d’amour », Nouvelles Méditations poétiques.
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