1. Avec l’expression « ce continent où les crasseux comme
nous étaient les bienvenus », le narrateur désigne l’Amérique, but du
voyages des émigrants évoqué précédemment. Les « crasseux » sont les
émigrés italiens qui s’apprêtent à débarquer à New York. Il s’agit d’une
expression dépréciative le narrateur adopte momentanément le point de vue que
peuvent avoir les gens bien installés dans leur existence sur ces émigrés qui n’ont
rien et espèrent trouver fortune aux Etats-Unis.
2. Le narrateur et les siens attendent évidemment une vie
meilleure, il évoque leurs rêves dans lesquels tout est différent de ce qu’ils
connaissent. « Plus grand. Plus doux » Ils rêvent donc de dépaysement
mais aussi de justice espérant que soient différents : « les
couleurs, les odeurs, les lois, les hommes ».
Pendant le voyage, ils se prennent à espérer et rêver d’un monde
meilleur et restent « agrippés des heures au parapet » imaginant
cette Amérique qui les attend.
Lorsqu’ils arrivent, ils se laissent envahir par la joie : « La
joie de ce jour, écrit le narrateur, je ne l’oublierai jamais. » Les cris
et des danses accompagnent ce mouvement de joie.
Ce que le narrateur trouve étrange en arrivant c’est le sentiment
de familiarité que lui procure s ce nouveau pays : « Nous avions la
conviction que nous étions à notre place. » Cette « conviction »
est curieuse dans la mesure ou les émigrés n’ont jamais vécu dans ce pays qui
les accueille.
4. Le narrateur utilise l’imparfait (se dirigeait, dansions,
criions) pour évoquer l’arriver à Ellis Island. Il s’agit d’une action envisagée
dans sa durée ainsi que le souligne l’adverbe « lentement », l’imparfait
permet de manifester cette idée durée. Quant au futur, ("je ne l'oublierai jamais") il renvoie à la situation d'énonciation et à la certitude que le narrateur a de garder en mémoire les instants qu'il évoque.
5. Les deux phrases, « Miséreux d'Europe au regard affamé.
Familles entières ou gamins esseulés.
», sont des phrases non verbales centrés sur des noms au pluriel. Elles
permettent d’exprimer à la fois l’idée d’afflux en masse qui caractérise l’immigration
ainsi qu’une certaine passivité de la
part de ces gens qui semblent simplement pris dans un mouvement.
6. Si Domenico pense que la vie commence, c’est parce qu’il quitte
une région extrêmement pauvre (le Sud de l’Italie) où la vie dans les campagnes
est devenue difficile à cause de la pauvreté des sols mais aussi des épidémies.
Le « rêve américain » séduit donc des millions de gens. Mais si
quelques uns d’entre eux sont appelés à « réussir » la plupart vont
alimenter les besoins en main d’œuvre industrielle des Etats-Unis et former un nouveau
prolétariat à la merci des autorités et d’employeurs peu scrupuleux et parfois
même de mafias qui sous prétexte de les défendre les exploiteront.
Réécriture
Comme tous les autres, ils se sont tenus
par la main pour ne pas se perdre dans la
foule. Comme tous les autres, la première nuit, ils n’ont pu trouver le
sommeil, craignant que des mains vicieuses ne leur dérobent la couverture qu’ils
se partageaient.