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samedi 16 août 2025

Le sonnet régulier

I. Définition
Né en Sicile au XIIIe siècle, le sonnet s’épanouit sous la plume des grands poètes italiens de
la renaissance, Boccace, Dante, et surtout Pétrarque dont l’œuvre nourrira l’imaginaire et la rhétorique des poètes français du XVI
e siècle. Le sonnet est un poème de quatorze vers répartis en deux quatrains et deux tercets (un sizain, à l’origine).

II. Le sonnet régulier
A. Le sonnet italien
Le sonnet dit « régulier » autorise deux structures canoniques :
La structure dite à « l’italienne » du sonnet consiste à présenter des rimes embrassées dans les tercets (abba) puis une rime suivie (cc) et, enfin, un ensemble de rimes embrassées (deed). L’appellation « italienne » est trompeuse puisqu’on peut constater que Pétrarque expérimente très tôt d’autres modes d’organisations des rimes au sein des tercets (cdecde, par exemple).
b. Le sonnet français
Le sonnet dit à la « française » préfère l’organisation ccd/ede dans les tercets. Là encore, il convient de relativiser l’appellation puisque les poètes de la Pléiade utilisent fréquemment le sonnet italien. Il est à noter, en outre, que, très tôt, s’impose en France l’alternance des rimes féminines et masculines.
Louise Labé, dans ses Sonnets (1550) utilise aussi bien la forme italienne que la forme française, on remarquera dans le sonnet suivant l’alternance, déjà présente, de rimes masculines et féminines.

Ne reprenez, Dames, si j'ai aimé :
Si j'ai senti mille torches ardentes,
Mille travaux, mille douleurs mordantes :
Si en pleurant, j'ai mon temps consumé,

Las que mon nom n'en soit par vous blâmé.
Si j'ai failli, les peines sont présentes,
N'aigrissez point leurs pointes violentes :
Mais estimez qu'Amour, à point nommé,

Sans votre ardeur d'un Vulcain excuser,
Sans la beauté d'Adonis accuser,
Pourra, s'il veut, plus vous rendre amoureuses :

En ayant moins que moi d'occasion,
Et plus d'étrange et forte passion.
Et gardez-vous d'être plus malheureuses
Louise Labé, « Sonnet XXIV », Sonnets.
Le sonnet est de forme italienne, les quatre derniers vers utilisant des rimes embrassées. L’alternance rimes masculines, rimes féminines est des plus régulières puisque sont masculines les rimes a (en [me]), c (en [kyze]) et e (en [iɔ̃]) alors que sont féminines les rimes b (en [ãt]) et d (en [∅z])

C. Le sonnet élisabéthain

En marge du sonnet régulier, s’affirment d’autres schémas d’organisation métrique : le sonnet skakespearien (élisabéthain) dispose les tercets en un quatrain, suivi d’un distique (cdd/cee), obtenant ainsi trois quatrains à rimes embrassées.

vendredi 15 août 2025

Lire un roman d'apprentissage en terminale

Goethe, Les Années d’apprentissage de Wilhelm Meister****, Folio;
Novalis, Henri d'Ofterdingen***, GF;
Chateaubriand, René**, Folio;
Stendhal, Le Rouge et le Noir***, Le Livre de Poche ; 
Balzac, Le Père Goriot**, Le Livre de Poche; 
Charlotte Brontë, Jane Eyre**, Le Livre de Poche ; 
Anne Brontë, Agnes Grey**, Archipoche ; 
George Sand, Indiana**, Folio; 
Dickens, Les grandes espérances****, Folio ; 
L.M. Alcott, Les quatre filles du Dr March**, Gallmeister ; 
Flaubert, L’Éducation sentimentale***, Le Livre de Poche ; 
Jules Verne, Les Enfants du capitaine Grant**, l'école des loisirs; Les Indes noires**, Le Livre de Poche, Le Château des Carpathes**, Librio; 
Mark Twain, Les aventures de Huckleberry Finn**, GF; 
Jack London, Martin Eden***, 10/18 ; Le Loup des mers**, Phébus (ou Folio Junior) ; 
Alain Fournier, Legrand Meaulnes**, Le Livre de Poche. 
Colette, Claudine à l’école + Claudine à Paris**, Archipoche ou L'école des loisirs; 
Lucy Maud Montgomery, Jane de Lantern Hill**, J'ai lu;
S. Lagerlöf, Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède**, Le Livre de Poche;
M. Mitchell, Autant en emporte le vent****, Folio ; 
Hermann Hesse, Demian**, Siddhartha**, Narcisse et Goldmund**, Le Livre de Poche; 
Céline, Voyage au bout de la nuit***, Folio ; 
J.D. Sallinger, L’Attrape-cœur**, Pocket ; 
Carson Mc Cullers, Frankie Addams**, Le Livre de Poche ; 
Harper Lee, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur***, Le Livre de Poche ; 
Frank Herbert, Dune***, Pocket ; 
Michel Tournier, Vendredi ou les limbes du Pacifique***, Folio ; 
Murielle Cerf, L’Antivoyage**, Babel ; 
Gaëtan Soucy, La petite fille qui aimait trop les allumettes**, Points Seuil; 
Ian Mc Ewan, Expiation**, Folio; 
Tiffany McDaniel, Betty**, Gallmeister.

dimanche 10 août 2025

Le rythme en poésie

I. Définitions

Le rythme du vers français est déterminé par la place des accents et des coupes au sein du vers. 
En français, l’accent se place sur la dernière syllabe d’un groupe grammatical. Par groupe grammatical, il faut entendre un ensemble syntaxique autonome : un groupe nominal, un ensemble sujet verbe, une interjection… L’accent ne porte jamais sur le « e » muet (caduc). Et la pause survient immédiatement après l’accent.
Un soir,/ t'en souvient-il ?// nous voguions/ en silence,
Lamartine, « Le Lac », Méditations poétiques,.
On obtient ainsi un rythme 2/4 // 3/3, rythme caractéristique de l’alexandrin binaire qui repose sur une césure à l’hémistiche (syllabe médiane).

2. Les rythmes de l’alexandrin

a. Rythmes binaire et ternaire

Dans ’alexandrin classique postule le rythme binaire est une nécessité, il est marqué par deux accents répartis de façon sensiblement égale sur chaque hémistiche
Eva/ qui donc es-tu ?// Sais-tu bien/ ta nature ?
Sais-tu/ quel est ici// ton but/ et ton devoir ?
Vigny, « La Maison du berger », Les Destinées.
Les vers suivent les rythme, 2/4//3/3, 2/4//2/4, rythmes binaires réguliers.
Les romantiques ont revendiqué la paternité de l’alexandrin ternaire qui passait pour une audace. Hugo l’utilise en fait assez peu.
Si j’étais Dieu/ ; la terre et l’air/ avec les ondes
Hugo, « A une femme », Les Feuilles d’automne.
Si le rythme binaire souligne un effet d’insistance (le martèlement du questionnement chez Vigny), le rythme ternaire par son amplitude rend compte de la dimension spatiale d’une rêverie cosmique

b. Le rythme accumulatif

L’accent peut se démultiplier de façon anarchique ainsi dans ces deux vers de Verlaine, à l’extraordinaire régularité binaire du premier vers (3/3//3/3) qui fige l’expression dans une immobilité statuaire, succède un rythme accumulatif (1/3/2/2/2/2) qui mime les inflexions dune voix hésitante :
Son regard est pareil au regard des statues
Et/ pour sa voix/ lointai/ne et cal/me et gra/ve elle a
Verlaine, « Mon rêve familier »,  Poèmes saturniens.

c. Le rythme croissant

Les accents s’espacent progressivement pour créer un effet d’éloignement (2/4/6)
Partir/ en s’embrassant// du nid qui les rassemble
Lamartine, « Chant d’amour », Nouvelles Méditations poétiques.

lundi 19 août 2024

Programme de terminale : Les expressions de la sensibilité

Suggestions des IO

Rousseau, La Nouvelle Héloïse, GF ; Les Rêveries du promeneur solitaire, GF ;

Kant, Observations sur le sentiment du beau et du sublime (1764).

Goethe, Les Souffrances du jeune Werther, Folio ; Les Années d’apprentissage de Wilhelm Meister, Folio.

Chateaubriand, René, Folio;

Madame de Staël, Corinne ou l’Italie, Folio ;

Hegel, Cours d’esthétique [extraits] ([1818-1829]).

Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation [extraits] (1819-1859).

Austen, Raison et sentiments, Le Livre de Poche ;

Constant, Adolphe ; Le Livre de Poche ;

Lamartine, Méditations poétiques, « Poésie », Gallimard ;

Hugo, Les Chants du crépuscule, « Poésie », Gallimard ; Les Contemplations, Le Livre de Poche ;

Emerson, La Nature, La Confiance en soi, Rivages Poche.

Musset, Confession d’un enfant du siècle, Le Livre de Poche ;

Balzac, Le Lys dans la vallée , Le Livre de Poche ;

Stendhal, La Chartreuse de Parme , Le Livre de Poche.

Ravaisson, De l’habitude (1838).

Ruskin, Les Pierres de Venise (1853).

Kierkegaard, Le Journal du séducteur (1843).

Nerval, Sylvie, Le Livre de Poche ; Les Chimères, GF ;

Thoreau, Walden ou la vie dans les bois, Tel, Gallimard;

Fromentin, Dominique, GF ;

Baudelaire, Le Spleen de Paris , GF ; Le Peintre de la vie moderne, GF ;

Flaubert, L’Éducation sentimentale, Folio ;

Nietzsche, La Naissance de la tragédie, 10/18 ;

Taine, De l’intelligence (1870).

Fromentin, Les Maîtres d’autrefois (1876).

Taine, Philosophie de l'art (1881).

Maupassant, Une vie, Le Livre de Poche ;

Huysmans, À Rebours, GF ;

Bergson, Essai sur les données immédiates de la conscience (1889).

Proust, À la recherche du temps perdu, Folio.

Woolf, Les Vagues, Le Livre de Poche.

Sartre, La Nausée, Le Livre de Poche ;

Camus, Noces, Le Livre de Poche ;

Kandinsky, Du spirituel dans l’art et dans la peinture en particulier, Folio ;

Bachelard, Psychanalyse du feu ; Folio Idée

Benjamin, Baudelaire, Payot.

Wittgenstein, Recherches philosophiques, Tel, Gallimard ; Le Cahier bleu, Tel ; Galimard.

 

Autres suggestions

Austen, Orgueil et préjugés, Le Livre de Poche, L’abbaye de Northanger, Le Livre de Poche ;

Novalis, Hymnes à la nuit, Poésie Gallimard ;

Senancour, Obermann, Folio ;

Keats, Lettres à Fanny, Rivages ;

Claire de Duras, Œuvre romanesques, Folio ;

Vigny, Chatterton, GF ; Stello, GF ;

Charlote Brontë, Correspondance choisie, Folio ;

Emily Brontë, Cahiers de poèmes, Points Poésie. 

Kleist, Le Prince de Hombourg, Folio ;

Emily Dickinson, Car l'adieu, c'est la nuit; Poésie Gallimard

Walt Whitman, Feuilles d’herbes, Points Poésie ;

Mallarmé, Poésies et autres textes, Le Livre de Poche ;

Verhaeren, Les Campagnes hallucinées, Poésie/ Gallimard ;

Kipling, La lumière qui s'éteint, "L"imaginaire", Gallimard.  

Yeats, Les Cygnes sauvage à Coole, Verdier ;

Zweig, Vingt-quatre heures de la vie d’une femme, Stock ;

Zweig, Verhaeren, sa vie, son œuvre, Le Livre de Poche ;

Katherine Mansfield, La Garden Party et autres nouvelles, Folio ;

Hermann Hesse, Knulp, Le Livre de Poche ;

Sylvia Plath, Ariel, Points Poésie ;

Carson Mc Cullers, Frankie Adams, Le Livre de Poche ;

Huguenin, La Côte sauvage, Points Seuil ; Journal, Points Seuil

Armel Guerne, L’âme insurgée, Points Essais ;

Ian Mc Ewan, Sur la plage de Chesil, Folio ;

Elisa Schua Dusapin, Hiver à Sokcho, Folio ;

Claire Keegan, Les trois lumières, 10/18 ; Ce genre de petites choses, Le Livre de Poche ;

dimanche 18 août 2024

Programme de terminale : Education, tranmission et émancipation

Ouvrages recomandés par les IO

Rousseau, Émile ou De l’éducation, GF; 
Condorcet, Mémoires sur l’instruction publique ,GF ; Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain GF;
Kant, Qu’est-ce que les Lumières ? (1784); 
Kant, Réflexions sur l’éducation (1803);
Hegel, Textes pédagogiques ([1809-1823]);
Stendhal, Le Rouge et le Noir, Le Livre de Poche ; 
Tocqueville, De la démocratie en Amérique (1835-1840); 
Balzac, Louis Lambert, Folio;
Sand, Consuelo, Phébus. 
Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, livres I à IV, GF; 
Tolstoï, Enfance, Adolescence, Jeunesse, Folio; 
Proudhon, De la justice dans la Révolution et dans l’Église (1858) 5e étude (De L'éducation);
Nietzsche, Sur l’avenir de nos établissements d’enseignement (1872);
Vallès, L’Enfant, GF ; L’Insurgé, GF;
Renan, Souvenirs d’enfance et de jeunesse, chap. 3, Folio; 
Bergson, Le Bon Sens (1895);
Dewey, Mon credo pédagogique et les études classiques (1897); 
Gide, Les Nourritures terrestres, Folio; 
Colette, Claudine à l’école, Le Livre de Poche ; 
Durkheim, L’Éducation morale ([1903] 1925). 
Alain, Propos sur l’éducation, Folio ; 
Guilloux, Le Sang noir, Folio ; 
Beauvoir, Le Deuxième sexe, Folio. 
Arendt, La Crise de la culture, Folio;
Freinet, Œuvres pédagogiques [extraits] (1994). 

Autres suggestion
Sur la question de l'éducation des femmes
Voltaire, « Femmes soyez soumises à vos maris » in Mélanges, GF ; (photocopie) 
Laclos, Les Liaisons dangereuses, Folio ; Des femmes et de leur éducation, Mille et une nuits ; 
Mary Wollstonecraft, Défense des droits des femmes, Folio; 
Jane Austen, Orgueil et préjugés, 10/18 ; 
Vigée Lebrun Louise Elisabeth, Souvenirs, Champion ; 
Balzac, Mémoires de deux jeunes mariées, GF;
Anne Brontë, Agnes Grey, Archipoche ; La Dame du manoir de Wildfell Hall, Archipoche ; 
Flaubert, Madame Bovary, Folio ; 
Louisa May Alcott, Les quatre filles du Dr March, Gallmeister ; 
Mark Twain, « Le journal d’Eve » in Dénoncer les travers de la société, l’école des loisirs ; 
Theodor Fontane, Effi Briest, « L’Imaginaire », Gallimard ; 
Enrik Ibsen, La Maison de poupée, Le Livre de Poche ; 
Virginia Woolf, Une chambre à soi, 10/18 ; 
Carson Mc Cullers, Illuminations et nuits blanches, 10/18 ; 
Garcia Llorca, La Maison de Bernarda Alba, Folio Théâtre; 
Beauvoir (de) Simone, Mémoires d’une jeune fille rangée; Folio; 
Annie Ernaux, La Place, Folio ; 
Grands romans d’éducation : 
Goethe, Les années d’apprentissage de Wilhelm Meister, Folio ; 
Balzac, Illusions perdues, Folio ; 
Dickens, Les grandes espérances, Le Livre de Poche ; 
Flaubert, L’Éducation sentimentale, Le Livre de Poche ; 
Maupassant, Une vie, Le Livre de Poche ; 
Jack London, Martin Eden, 10/18 ; 
Harper Lee, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, Le Livre de Poche ; 
Céline, Voyage au bout de la nuit, Folio ; 
Saül Bellow, Les aventures d’Augie March, Folio ; 
Frank Herbert, Dune, Pocket ; 
John Irving, Le Monde selon Garp, Points Seuil ; 
Muriel Cerf, L’antivoyage, Actes Sud ; 
Tiffany McDaniel, Betty, Gallmeister.

mercredi 12 mars 2014

Harry Potter à l'école de la philosophie (Terminale)

Harry Potter a déjà fait couler beaucoup d’encre. Je ne songe pas aux milliers d’articles qui lui ont été consacrés dans la presse mais seulement aux commentaires, plus ou moins heureux, qu’il a suscités. Le premier essai notable aura été celui d’Isabelle Smadja, Harry Potter ou les raisons d’un succès. L’auteure passait aux cribles de la philosophie, de la psychanalyse et de la sociologie les quatre premiers volumes de la série. Isabelle Cani dans Harry Potter ou l’anti Peter Pan se livrait à une comparaison astucieuse entre les deux personnages éponymes, montrant que Peter Pan préfigurait le culte de l’éternelle jeunesse qui agite notre époque tandis qu’Harry Potter, après un long cheminement vers l’âge adulte, en assumait pleinement les contraintes et les valeurs.
L’essai de Marianne Chaillan, Harry Potter à l’école de la philosophie, publié dernièrement chez Ellipses confirme en partie cette thèse d’Isabelle Cani et démontre une nouvelle foi, si besoin en était, la richesse d’une œuvre qui, tout en s’inscrivant pleinement dans notre temps, a su intégrer de façon ludique les héritages philosophiques et culturels de la civilisation occidentale.
La suite sur
http://saintdenysgarneau.blogspot.fr/

Niveau : Terminale

mercredi 12 février 2014

L'Autre vie d'Orwell, un roman sur le père de 1984

L’île de Jura, Hébrides intérieures, nord-ouest de l’Écosse : c’est dans ce lieu, hors du monde et du temps, qu’Eric Blair (alias George Orwell) choisit de se retirer pour écrire 1984. De 1984, il est d’ailleurs très peu question dans L’autre vie d’Orwell,de Jean-Pierre Martin. Comme s’il s’agissait d’une évidence.
Et il s’agit bien d’une évidence. La collection « L’un et l’autre », fondée par le regretté J.-B. Pontalis, a pour présupposé ce genre d’évidence.
Le militantisme assagi de Jean-Pierre Martin ne pouvait que rencontrer cette étape ultime et décisive dans la vie du plus pertinent des romanciers politiques suscités par le XXe siècle.
La suite sur :
Niveau : 1e / Term

mercredi 10 juillet 2013

L'auteur! L'auteur!

Henri James est le père du roman psychologique moderne avec des romans très denses comme Les Ailes de la colombe ou Les Ambassadeurs. Il est également l'un des maîtres du fantastique à cause d'une nouvelle magistrale, Le Tour d'écrou. Son écriture exigeante le fait parfois comparer à Marcel Proust
George du Maurier est un illustrateur et humoriste de la fin du XIXe siècle - père de George du Maurier, le premier interprète du capitaine Crochet dans Peter Pan, et grand-père de la romancière Daphne du Maurier - il a aussi commis deux best-sellers, Peter Ibbetson et Trilby, alors qu'il s'estimait avant tout dessinateur.
C'est l'amitié assez improbable de ces deux hommes aux tempéraments et qualités si différents que relate David Lodge dans un roman foisonnant qui ressuscite avec bonheur le XIXe siècle victorien, L'auteur! L'auteur. A travers la vaine quête d'un succès au théâtre du pauvre Henri James, permet à David Lodge évoque le monde du théâtre, la presse, les milieux mondains . Un roman un peu exigeant mais aussi passionnant qui fait entrer dans l'histoire littéraire de façon indolore.

Niveau : Lycée

Oscar Wilde, un maître de la comédie

L’Importance d’être Constant est sans doute la plus subtile des comédies d’Oscar Wilde et la nouvelle traduction de Charles Dantzig lui rend indéniablement justice, restituant l’élégance des dialogues et la force jubilatoire des bons mots. 
 Jack Worthing et Algernon Moncrieff, deux jeunes dandies londoniens, sont tous les deux des adeptes du « bunburyisme ». Le néologisme est d’Algernon qui s’est inventé un ami souffreteux, un certain Bunbury, dont les maladies lui offrent opportunément l’occasion d’échapper aux obligations mondaines qu’il juge assommantes.
la suite sur
http://www.ecoledeslettres.fr/blog/litteratures/limportance-detre-constant-doscar-wilde-traduit-par-charles-dantzig/

dimanche 24 mars 2013

Séraphita de Balzac

 Les manuels d'histoire ont tendance à faire de Balzac l'initiateur du réalisme et la dimension romantique de son oeuvre échappe généralement à l'histoire littéraire. La lecture d'un ouvrage que j'ai lu récemment (Balzac occulte, http://www.ecoledeslettres.fr/blog/litteratures/balzac-occulte-danne-marie-baron/ ) m'a amené à considérer l'illustre romancier d'un autre oeil et m'a donné envie de lire des oeuvres un peu moins connues que le Père Goriot. Séraphita fait partie de ces romans étranges dans lesquels on chercherait en vain la moindre trace de réalisme.
L'action a lieu en Norvège dont Balzac décrit les fjord avec passion, de manière à nous faire sentir à quel point les paysages grandioses du nord favorisent la communication de l'homme avec la nature. Le premier chapitre nous montre une jeune fille, Minna en train de gravir les pentes d'une montagne en compagnie d'un mystérieux Seraphituus, beau jeune homme et unique descendant d'une longue lignée de nobles venus s'installer dans son village. Le deuxième chapitre nous met en présence de Wilfrid qui rend visite à Seraphita, belle jeune femme et unique descendante d'une longue lignée de nobles venus s'installer dans son village.
Le chapitre qui expose la doctrine de Swedenborg, un célèbre occultiste du XVIIIe, est certes un peu long mais le roman possède un charme indéniable et permet d'appréhender Balzac sous un jour tout à fait nouveau. Qui est Seraphituus-Seraphita? Une créature hautement spirituelle en train de se métamorphoser en ange...
l'ouvrage n'est plus disponible en livre de poche, on le trouve dans la collection "Les Introuvables" de chez L'Harmattan, ou sur le net
http://www.ebooksgratuits.com/details.php?book=2196

Niveau : Lycée

lundi 4 avril 2011

Saint-Denys Garneau, Regards et jeux dans l'espace

Avec Regard et jeux dans l'espace, Saint-Denys Garneau compose une oeuvre originale, rédigée dans une langue épurée, et qui met en oeuvre images et symboles élémentaires. Le poème liminaire donnera une idée de l’efficacité avec laquelle Saint-Denys Garneau use du vers libre : Je ne suis pas bien du tout assis sur cette chaise Et mon pire malaise est un fauteuil où l’on reste Immanquablement je m’endors et j’y meurs. Mais laissez moi traverser le torrent sur les roches Par bonds quitter cette chose pour celle là Je trouve l’équilibre impondérable entre les deux C’est là sans appui que je me repose. Saint-Denys Garneau « C’est là sans appui », Regards et jeux dans l’espace.

Un tercet de mètres impairs (13/13/11) précède un quatrain aux mesures majoritairement paires (13/12/14/10), l’expression du malaise et du déséquilibre s’incarne dans l’utilisation des mesures impaires ; l’équilibre retrouvé, la vie, explosent dans les mesures paires aux rythmes croissants du quatrain. Le poème liminaire annonce par ailleurs les grands thèmes de l’œuvre : le malaise, lié à l’enfermement et à l’inertie, la vie associée au mouvement dans l’espace et au jeu. Le recueil explore cette dualité entre vie et non-vie, entre aspiration à l’épanouissement, au mouvement et poids du préjugé, des conventions culturelles.

La nature constitue, dans cette quête de liberté, l’adjuvant essentiel, une sorte de miroir de l’infini : « Ils [les yeux] sont conduits à la douce ondulation des cimes, et y demeurent balancés, en suspens. L’espace, l’illimité se trouve au-delà, mystérieusement caché et nous lance un appel indéfini, extrêmement captivant. »

Saint-Denys Garneau, Journal.

Elle procure aussi au poète un symbolisme simple, l’arbre lui fournit le modèle de l’esquisse et lui permet d’affirmer l’unité profonde de sa démarche artistique de peintre et de poète :

Est-il rien de meilleur pour vous chanter les champs Et vous les arbres transparents Les feuilles Et pour ne pas cacher la moindre des lumières Que l’aquarelle, cette claire Claire tulle ce voile clair sur le papier.

Saint-Denys Garneau « L’aquarelle », Regards et jeux dans l’espace.

Conscient de sa propre misère, douloureusement hanté par la mort, il recherche dans l’épure la beauté qui permettrait d'échapper au néant :

Je suis une cage d’oiseau Une cage d’os Avec un oiseau L’oiseau dans ma cage d’os C’est la mort qui fait son nid…

Saint-Denys Garneau, « Cage d’oiseau », Regards et jeux dans l’espace.

Héritage d’un catholicisme qu’il ne reniera jamais, nostalgie du paradis perdu, c’est l’image de l’enfant qui vient incarner l’idéal tant recherché. L’enfant qui joue, c’est le poète qui crée, l’enfant opprimé dans son désir de danser, c’est la fantaisie brimée par la société. Le jeu, l’espace sont les symboles clés d’une poésie de la liberté qui élève la fragilité de son chant contre les rigueurs de la société. :

Mes enfants, vous dansez mal Il faut dire qu’il est difficile de danser ici Dans ce manque d’air Ici sans espace qui est toute la danse

Saint-Denys Garneau, « Spectacle de la danse », Regards et jeux dans l’espace.

Incompris, mal jugé, le poète préférera le silence à la danse des mots qu’il avait si magnifiquement orchestrée. Son silence, sa mort prématurée en feront une icône à la manière de Rimbaud.

Saint-Denys Garneau

Saint-Denys-Garneau (1912-1943) est sans doute l'un des plus grands poètes québécois du XXe siècle. Né à Montréal, dans un milieu aisé, il s’attache très tôt au domaine familial et rural de Saint-Catherine de Fossembault, qui va constituer une source d’inspiration essentielle à sa poésie.
Il reçoit l’éducation austère des écoles catholiques d'alors et manifeste assez vite des dons pour la poésie et la peinture qu’il ira étudier en Europe. A partir de 1934, il participe à l’aventure de "La Relève" , revue culturelle qui cherchent à susciter la conscience d’une culture québécoise. Il fait paraître, en 1937, Regards et jeux dans l’espace, le seul recueil publié de son vivant. L’œuvre reçoit un accueil mitigé et fait l’objet d’une critique virulente de Claude-Henri Crignon qui pousse le poète à la retirer des librairies.
Saint-Denys Garneau s’enferme alors peu à peu dans le silence, il mène une existence recluse dans le domaine de Saint-Catherine, poursuit son œuvre poétique jusqu’en 1938 mais ne publie rien. Il rédige un journal intime qui révèle les tourments d’une âme en quête d’absolu mais le journal s’interrompt en 1939, ses dernières lettres datent de 1941. Il trouve la mort, en 1943, lors d’une promenade en canot dans des circonstances mystérieuses. Ses poésies posthumes furent recueillies en un recueil intitulé Les solitudes et confirment l’immense talent du poète, son journal, publié en 1954 révèle une personnalité inquiète, assaillie par le doute et la culpabilité mais aussi lumineuse, éprise et de liberté et d’infini.

lundi 21 février 2011

Musset, l'enfant terrible du romantisme

L'enfance
L'Empire est à son apogée quand naît à Paris, en décembre 1810, Alfred de Musset dans une vieille famille aristocratique, son père est un lettré, il est l'auteur d'une Histoire de la vie et des oeuvres de Jean-Jacques Rousseau.
Il a, avec son frère aîné Paul, une enfance heureuse et choyée. Il est confié jusqu'à l'âge de neuf ans à un précepteur et entre ensuite au collège Henri-IV où il fait de brillantes études. Il y obtient le premier prix de dissertation française et le second prix de dissertation latine au concours général de 1827. Il devient l'ami du duc de Chartres, fils du futur roi Louis-Philippe, et de Paul Foucher, beau-frère de Victor Hugo, qui l'introduira au Cénacle romantique.
Jeune homme passionné, Alfred de Musset est aussi un poète précoce; en septembre 1827, il écrivait dans une lettre à Paul Foucher: "Je ne voudrais pas écrire ou je voudrais être Schiller et Shakespeare."
L'artiste
Appelé parfois "l'enfant terrible du romantisme", esprit indépendant, Musset incarne cependant, le mal du siècle romantique. Son oeuvre poétique, dramatique et romanesque se nourrit de ses expériences malheureuses. Il émet d'ailleurs l'idée que la souffrance est nécessaire à la création poétique (cf. « Le Pélican » dans la Nuit de mai).
Son recueil de poèmes (Contes d'Espagne et d'italie, est bien accueilli par la critique mais sa sa pièce de théâtre La Nuit vénitienne, jouée l'année suivante est un échec.
Comme beaucoup de ses héros, (Octave dans Les Caprices..., Lorenzo dans Lorenzaccio), Musset pratique la débauche et l'intempérance. Anticlérical, il avait, dit-on, la religion de l'amour. Ses liaisons furent nombreuses et multiples mais toujours intenses. "Dans quelque lieu que je fusse, déclare le héros de La Confession d'un enfant du siècle, quelque occupation que je m'imposasse, je ne pouvais penser qu'aux femmes : la vue d'une femme me faisait trembler... Or, je ne songeais qu'aux femmes et je ne croyais plus à la possibilité d'un véritable amour."
Cette contradiction est au cœur de bien des œuvres de l'auteur et de ses «échecs» amoureux. Bien des femmes ont traversé la vie de Musset. À chaque fois, ce furent exaltation et déchirements. Rencontrée en 1833, George Sand était à cette époque, comme Musset, "scandaleusement célèbre", selon l'expression de Philippe Soupault. Leur amour, emblématique du romantisme, fut une longue suite de moments de grâce et de déchirements, de lieux de prédilection (la forêt de Fontainebleau et Venise...) et de lettres passionnées. "Jamais homme n'a aimé comme je t'aime, écrit Alfred à George, je suis perdu, vois-tu, je suis noyé, inondé d'amour... tu as un autre amant, je le sais bien. J'en meurs mais j'aime, j'aime."
Dans les années qui suivent cette liaison, Musset publie ses chefs d'oeuvre On ne badine pas avec l'amour et Lorenzaccio, en 1834, la Nuit de mai et la Nuit de décembre (deux poèmes) en 1835 et la Confession d'un enfant du siècle (roman sur le mal du siècle) en 1836.
Le déclin
À partir de 1840, la production littéraire de Musset semble se tarir. Son état de santé se détériore et neurasthénie (dépression) s'accentuent. Ses excès n'y sont sans doute pas étrangers.
Par ailleurs, l'indifférence qu'il rencontre désormais auprès des critiques et des artistes, bien qu'il soit, après de nombreux échecs, élu à l'Académie française en 1852, contribue sans doute à son abattement.
Les écrivains de la génération montante, le considèrent comme le symbole des outrances du romantisme (excès de pathétique, emphase...).
« Je n'ai jamais pu souffrir ce maître des gandins, son impudence d'enfant gâté qui invoque le Ciel et l'Enfer pour des aventures de table d'hôtes, son torrent bourbeux de fautes de grammaire et de prosodie », écrira Baudelaire sans aucune indulgence.
Seuls quelques succès dramatiques tardifs, à partir de la représentation d'Un caprice en 1847, viendront éclairer une fin d'existence qui fut probablement, comme le déclarait son meilleur ami Alfred Tattet, "un affreux suicide". Musset s'éteint en 1857, il a quarante-sept ans. Selon son vœu, il sera enterré au Père-Lachaise sous l'ombre tutélaire d'un saule.
Notice biographique grandement inspirée d'un Ouvrage d'Etienne Calais, On ne badine pas avec l'amour, Alfred de Musset, coll. "Balises", Nathan, 1992.

Pour un premier compte rendu de lecture en première

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