I. Définition
Né en Sicile au XIIIe siècle, le sonnet
s’épanouit sous la plume des grands poètes italiens de la renaissance, Boccace,
Dante, et surtout Pétrarque dont l’œuvre nourrira l’imaginaire et la rhétorique
des poètes français du XVIe siècle. Le sonnet est un poème de
quatorze vers répartis en deux quatrains et deux tercets (un sizain, à
l’origine).
II. Le sonnet régulier
A. Le sonnet italien
Le sonnet dit « régulier » autorise deux
structures canoniques :
La structure dite à « l’italienne » du sonnet
consiste à présenter des rimes embrassées dans les tercets (abba) puis une rime
suivie (cc) et, enfin, un ensemble de rimes embrassées (deed). L’appellation
« italienne » est trompeuse puisqu’on peut constater que Pétrarque
expérimente très tôt d’autres modes d’organisations des rimes au sein des
tercets (cdecde, par exemple).
b. Le sonnet français
Le sonnet dit à la « française » préfère
l’organisation ccd/ede dans les tercets. Là encore, il convient de relativiser
l’appellation puisque les poètes de la Pléiade utilisent fréquemment le sonnet
italien. Il est à noter, en outre, que, très tôt, s’impose en France
l’alternance des rimes féminines et masculines.
Louise Labé, dans ses Sonnets (1550) utilise aussi
bien la forme italienne que la forme française, on remarquera dans le sonnet
suivant l’alternance, déjà présente, de rimes masculines et féminines.
Ne reprenez, Dames, si j'ai
aimé :
Si j'ai senti mille torches ardentes,
Mille travaux, mille douleurs mordantes :
Si en pleurant, j'ai mon temps consumé,
Si j'ai senti mille torches ardentes,
Mille travaux, mille douleurs mordantes :
Si en pleurant, j'ai mon temps consumé,
Las que mon nom n'en soit par vous
blâmé.
Si j'ai failli, les peines sont présentes,
N'aigrissez point leurs pointes violentes :
Mais estimez qu'Amour, à point nommé,
Si j'ai failli, les peines sont présentes,
N'aigrissez point leurs pointes violentes :
Mais estimez qu'Amour, à point nommé,
Sans votre ardeur d'un Vulcain
excuser,
Sans la beauté d'Adonis accuser,
Pourra, s'il veut, plus vous rendre amoureuses :
Sans la beauté d'Adonis accuser,
Pourra, s'il veut, plus vous rendre amoureuses :
En ayant moins que moi d'occasion,
Et plus d'étrange et forte passion.
Et gardez-vous d'être plus malheureuses
Et plus d'étrange et forte passion.
Et gardez-vous d'être plus malheureuses
Louise Labé, « Sonnet XXIV », Sonnets.
Le sonnet est de forme italienne, les quatre derniers vers
utilisant des rimes embrassées. L’alternance rimes masculines, rimes féminines
est des plus régulières puisque sont masculines les rimes a (en [me]), c (en
[kyze]) et e (en [iɔ̃])
alors que sont féminines les rimes b (en [ãt]) et d (en [∅z])
C. Le sonnet élisabéthain
En marge du sonnet régulier, s’affirment d’autres schémas
d’organisation métrique : le sonnet skakespearien (élisabéthain) dispose
les tercets en un quatrain, suivi d’un distique (cdd/cee), obtenant ainsi trois
quatrains à rimes embrassées.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire