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dimanche 2 septembre 2018

Maupassant

Maupassant est l'un des plus formidables conteurs de la littérature française. Né en 1850, il meurt des
conséquences de la syphilis en 1893. Sa jeunesse est marquée par le divorce de ses parents; écolier, il se montre volontiers impertinent; étudiant, il ne parvient pas à s'intéresser à ses études de droit. Il devient employé pour le ministère de la marine et commence à écrire.

Son oeuvre oscille entre deux pôles : le réalisme et le fantastique. La première veine est très largement majoritaire. Son premier succès, une nouvelle intitulée "Boule de suif" raconte les déveines d'une prostituée au cours d'un voyage en calèche.
Ses grands romans (Une vie, Bel Ami, Pierre et Jean) sont réalistes. Les préfaces
qu'il a rédigées montre qu'il était parfaitement conscient de son art, il n'hésite pas à emprunter les techniques du roman feuilleton pour susciter l'intérêt du lecteur.
Ses nouvelles réalistes paraissent dans la presse ou en recueil: elles mettent généralement en lumière les bassesses de la condition humaine par le biais d'un style concis et efficace. Il y décrit le monde paysan (Coco, La ficelle, La petite Roque) ou l'univers oppressant des villes (La Parure).

Son oeuvre fantastique illustre à la perfection le genre qui vise à créer une hésitation chez le lecteur : s'il exploite des thèmes classiques du double (Le Horla) de l'objet maléfique (La Main) du fantôme (Apparition), il parvient à ancrer le phénomène surnaturel dans un univers parfaitement crédible, se pose alors très souvent la question de la santé mentale du narrateur.

Entre 1880 et 1893, il publie six romans et plusieurs centaines de nouvelles.
Soutenu, à ses débuts par celui qu'il considérait comme son maître, Flaubert, il défend certes le réalisme par opposition au romantisme. Mais comme Flaubert il est conscient des artifices de son art et plaide pour un travail concerté de la matière romanesque, visant à produire un effet calculé,.


jeudi 24 septembre 2015

Apollinaire et l'esprit nouveau

I. « Esprit nouveau » et Futurisme

Dans la lignée des Futuristes italiens, les poètes du début du siècle cherchent à renouveler la poésie. «… le monde s’est enrichi d’une beauté nouvelle, écrivait Marinetti en 1909 : la beauté de la vitesse. ». Les futuristes célèbrent le monde moderne tout en réclamant la destruction des valeurs traditionnelles.
L’esprit nouveau se voudra moins radical, si le monde moderne inspire Apollinaire, il ne remet pas en cause les poètes qui l'ont précédé (romantiques et symbolistes). Dans l’œuvre d’Apollinaire, tradition et modernité se croisent. L’un des poèmes les plus emblématiques de l’Esprit nouveau, « Zone » commence par ce vers « Tu es las à la fin de monde ancien », qui tout en rejetant la tradition, lui accorde une certaine reconnaissance puisqu’il se donne à lire comme un alexandrin.
Blaise Cendrars et son automobile

II Les caractéristiques de l’ « Esprit nouveau »

A. La célébration du monde moderne

Alors que les Symbolistes recherchaient les signes d’un autre monde, les poètes de l’esprit nouveau sont fascinés par ce monde et les possibilités techniques qu’offre la civilisation industrielle. Les progrès techniques ont facilité les voyages : Apollinaire, Cendrars, Jacob, célèbrent un monde cosmopolite et urbain.
« Les villes répondaient maintenant par centaine », c'est ainsi qu'Apollinaire clôt son recueil, Alcools, signifiant par là que le monde moderne est entré dans l’ère des grandes cités urbaines et de la communication.
La publicité devient source d’inspiration (notamment chez Cendrars) et les objets nés du progrès technique, le train, le tramway, l’avion, sont désormais jugés dignes de nourrir l’inspiration poétique. Symbole de ce modernisme triomphant, la Tour Eiffel sera chantée aussi bien par Cendrars dans les Dix-neuf poèmes élastiques que par Apollinaire dans « Zone ».

B. La fantaisie

Ce goût de la fantaisie constitue également l’un des points de ralliement des poètes de l’EspritConférence sur l’esprit nouveau de 1917.
Apollinaire par Metzinger, 1910.
nouveau « la surprise, l’inattendu, est un des principaux ressorts de la poésie d’aujourd’hui », affirme Apollinaire dans sa
Les images peuvent devenir triviales :
Mamelon gauche semblable à une bosse du front d’un petit veau qui vient de naître je t’aime
Apollinaire, « Mon très cher petit Lou, je t’aime », Poèmes à Lou.
Jeux de mots et calembours s’invitent en poésie :
Gens de Saumur ! gens de Saumur
Oh ! laissez-moi dans ma saumure
Max Jacob, « Le Saltimbanque en wagon de 3e classe », Les pénitents en maillots roses.
Ainsi s’écrie le voyageur de Max Jacob en proie aux rêveries que lui inspire son voyage en train, opposant son désir d’ailleurs au présupposé prosaïsme des gens de Saumur.

C. Figures de l’errance

La figure du poète voyageur, errant à travers le monde caractérise le lyrisme de ce XXe siècle naissant. A l’image du monde en mutation, le poète se prend au jeu du mouvement. Il est ce saltimbanque dont la figure hante les poèmes d’Alcools, il est l’émigrant ou ce voyageur inlassable
Le Kremlin
qui arpente le monde pour en dire la beauté et, vainement, s’épuiser à son contact :
J’étais à 16 000 lieues du lieu de ma naissance
J’étais à Moscou, dans la ville des mille et trois clochers et des sept gares
Et je n’avais pas assez des sept gares et des mille et trois tours
Car mon adolescence était si ardente et si folle
Que mon cœur, tour à tour, brûlait comme le temple d’Ephèse ou comme la Place Rouge de Moscou
Quand le soleil se couche.
Et mes yeux éclairaient des voies anciennes.
Blaise Cendrars, La prose du transsibérien et de la petite Jehanne de France.
Les « voies anciennes » définissent aussi bien les chemins de traverse géographiques que les voies de la poésie. Et le poète aura la faculté de se déplacer autant dans l’espace que dans l’histoire ou la conscience d’autrui. Sa mobilité se veut infini : « On peut être aventureux dans tous les domaines, écrit Apollinaire, toujours dans sa Conférence sur l’esprit nouveau : il suffit que l’on soit aventureux et que l’on aille à la découverte. » et le poète de plébisciter l’imagination qui autorise tous les voyages.

D'après, Poésie, rhétorique, registres et courants littéraires, Ellipses, 2009.

vendredi 17 janvier 2014

Daphné du Maurier

Daphné du Maurier n'est certes pas une romancière majeure du XXe siècle mais ses romans ont tenu en haleine des millions de lecteurs et son écriture classique influencée par les soeurs Brontë et le roman gothique demeure efficace et donne lieu à de belles réussites stylistiques, qu'il s'agisse de décrire ou de mettre en scène les méandres d'une conscience.

Daphné du Maurier est née en 1907 dans une famille d'artistes. Son grand père George du Maurier s'était fait connaître en tant que caricaturiste de presse. L'âge, la menace de la cécité et les conseils de son ami, le très littéraire romancier Henti James le conduisirent à écrire deux romans qui furent de grands succès en leur temps, Peter Ibbetson (1891) et Trilby en 1894.

Le père de Daphné du Maurier, Gerald, fut quant à lui, un acteur célèbre, un de ses rôles les plus fameux est celui du Capitaine Crochet dans la pièce à succès de James Barrie, Peter Pan. On peut aussi noter que les quatre cousins de Daphné, furent adoptés par James Barrie, à la mort de leurs parents.
Sa soeur enfin, Angela né en 1904, fut aussi romancière mais il faut croire qu'elle aura eu moins de succès que sa benjamine puisque aucune de ses oeuvres n'a été traduite en français et qu'elle intitulera son autobiographie : It's Only the Sister: an autobiography
Daphne aura une enfance heureuse avec ses deux soeurs, Angela l'aînée et Jeanne (née en 1911). Leur père voulait un garçon mais dut se contenter de ses trois filles et il semble que les petites aient très souvent joué à être des garçons, peut-être pour exhausser inconsciemment le désir de leur père.

Daphné fréquente les meilleurs écoles de Londres et achève ses études en France où elle se documente sur ses ancêtres d'origine française. Cette documentation lui servira à écrire deux ouvrages consacrés aux dits ancêtres. Elle publie ses premières nouvelles dans le magazine Bystander dont son oncle est propriétaire (deux de ces nouvelles ont récemment été éditées dans le recueil La Poupée, publié chez Albin Michel en 2013.

Ses deux premiers romans Loving Spirit (L'Amour dans l'âme en français) et I'll never be young (Jeunesse perdue) date de 1931 et 1932. Ce sont des oeuvres de jeunesse qui démontrent déjà un sens de la construction dramatique certain. Elle épouse en 1932, le major Frederic Browning - qui deviendra général de division - avec qui elle aura trois enfants : Tessa (1933), Flavia (1937) et Christian (1940).


Son premier best seller est L'Auberge de la Jamaïque qu'elle publie en 1936. Le roman a pour cadre la Cornouailles où elle choisit de vivre et met en scène, dans la tradition du roman gothique, une jeune orpheline qui doit affronter son oncle, chef d'une bande de naufrageurs. L'ouvrage sera adapté au cinéma par Alfred Hitchcock en 1939. Le rôle de Marue Yellan est confié à Maureen O'Hara.

Mais c'est avec Rebecca (1938) qu'elle connait le plus grand succès de sa carrière, l'ouvrage est un best seller traduit dans toutes les langues et qui se verra aussi adapté au cinéma par Hitchcock en 1940. Le succès de Rebecca fut tel qu'il a occulté le reste de son oeuvre pourtant très estimable.

Daphné du Maurier est aussi l'auteure d'un certain nombres de nouvelles particulièrement réussies : outre Les Oiseaux (encore un film d'Hitchcock) on lira avec profit Le Pommier (modèle d'écriture fantastique). Parmi ses autres romans  Ma cousine Rachel et Le Bouc Emissaire sont des romans dignes de Rebecca pour la mise en oeuvre du suspens et le sens de l'intrigue. Daphné du Maurier a aussi écrit les biographies des ses ascendants (Les du Maurier) et de son père (Gerald). Elle s'est par ailleurs intéressé au cas Branwell Brontë, le frère des trois fameuses romancières dans Le Monde infernal de Branwell Brontë. Son oeuvre de dramaturge est moins connue (The years Between -1944 - et September tide - 1947), elle n'a d'ailleurs pas été traduite en français. Notre auteure a aussi fait oeuvre de documentariste puisqu'elle a consacré deux ouvrages à la Cornouailles, livres qu'on trouve dans tous les magasins de souvenirs de cette région (Vanishing Cornwall et Enchanted Cornwall).


L'amour qu'éprouve daphné du Maurier pour cette région où elle a élu domicile est sincère : elle passera la plus grande partie de sa vie dans le domaine de Menabilly qui lui inspira le château de maxime de Winter dans Rebecca mais devra quelques années avant sa mort quitter cette maison tant aimée.

Daphne du Maurier a donc été l'une des auteures les plus lues du XXe siècle. Son succès a évidemment suscité des jalousies et elle fut accusée de plagiat pour Rebecca et les Oiseaux. Ni dans un cas ni dans l'autre, ses accusateurs ne parvinrent à démontrer le plagiat.

Daphné de Maurier a également défrayé la chronique en prenant fait et cause pour son mari le général Browning dont le film de Richard Attenborough, Un pont trop loin, faisait un portrait injuste et dévalorisant. 

Daphne du Maurier est morte en 1989 dans son domaine de Par à quelques kilomètres de Menabilly. 

Sont actuellement disponibles en livre de poche
L'amour dans l'âme (The loving spirit, traduit aussi sous le titre de La Chaîne d'amour, 1931);
L'Auberge de la Jamaïque (Jamica inn, 1936);
Rebecca (1938);
Ma cousine Rachel (My cousin Rachel, 1951);
Le Bouc émissaire (The Scrapegoat, 1957);
La Maison sur le rivage (The House on the strand, 1969);
Mad (Rule Britannia, 1972);
Le recueil de nouvelles Les Oiseaux (qui regroupe des nouvelles de différentes époques est régulièrement réédité);

L'étude sur Branwell Brontë est disponible chez Phébus dans la collection Librio.
Le recueil de nouvelles intitulé La Poupée est disponible chez Fayard.

Ses autres romans se troiuvent sur les sites de vente par correpondance.

Documents
Photographie de Muriel Beaumont (actrice et mère de Daphné du Maurier avec ses deux filles ainées), National Portrait Gallery;
Daphne du Maurier en 1931;
Affiche du film d'Hitchcock, Les Oiseaux, 1963;
Une édition récente de Vanishing Cornwall.
Couverture de La Maison sur le rivage, (roman psychédélique) dernière réédition en poche.

Lien vers le site Daphné du Maurier
http://www.dumaurier.org/

lundi 9 avril 2012

William Shakespeare

Shakespeare est sans doute l'écrivain sur lequel on a les plus écrit et l'un de ceux dont la vie est la plus mal connue. Il est l'un des plus grands génies de l'histoire littéraire humaine. Il suffit de lire une de ses pièces et même par le biais de la traduction, on est saisi par la force, la justesse et la beauté de ses images.
Né en 1564, il est le fils d'un riche entrepreneur qui tire ses revenus de la maroquinerie et de l'immobilier. Il est probable, étant donné le statut social de son père, que Shakespeare ait poursuivi des études. En 1582 (il a dix-huit ans), il épouse Anne Hathaway, il nous reste l'acte de mariage mais les années qui suivent sont inconnues et les historiens en sont réduits à émettre diverses hypothèses, toutes douteuses.
Les actes de baptèmes et de décès permettent de savoir qu'il a une fille, Suzanna (1583) et des jumeaux Judith et Hamnet (1585). Le petit Hamnet meurt à l'âge de onze ans. Et les critiques font un rapprochement entre ce décès et la sombre tragédie d'Hamlet.
En 1591 est jouée sa première grande oeuvre, Henri VI. Il écrira ensuite de façon régulière, interprétant de petits rôles dans ses propres pièces et dans des pièces de dramaturges connus comme Ben Johnson.
Il ne nous reste aucun manuscrit de Shakespeare, et la datation de ses oeuvres donne lieu à d'innombrables théories.
Ses tragédies les plus connues sont devenues de véritables mythes : Hamlet, Roméo et Juliette, Othello, Le Roi Lear.
Ses comédies sont pleines de fantaisie et de rebondissements (Comme il vous plaira, Le Marchand de Venise, Mesure pour mesure...), et certaines ont une dimension féérique (Le Songe d'une nuit d'été).
Il écrit de nombreux drames historiques (Richard III,  Henri V...) ainsi qu'un certain nombres de pièces inclassables qui ne relèvent ni de la comédie, ni de la tragédie (Le Conte d'hiver, La Tempête).
Il semble que Shakespeare se soit retiré en 1611 à Stratfford,, il y meurt en 1616 à l'âge de 52 ans.

Epitaphe, laissée sur sa tombe, en l'aélise de la Trinité à Stratford-upon-Avon :

Good friend, for Jesus' sake forbear,
To dig the dust enclosed here.
Blest be the man that spares these stones,
But cursed be he that moves my bones.

Un film à voir pour situer Shakespeare dans son contexte (l'histoire est évidemment romancée).


Shakespeare in Love - Bande Annonce FR par _Caprice_

lundi 4 avril 2011

Saint-Denys Garneau

Saint-Denys-Garneau (1912-1943) est sans doute l'un des plus grands poètes québécois du XXe siècle. Né à Montréal, dans un milieu aisé, il s’attache très tôt au domaine familial et rural de Saint-Catherine de Fossembault, qui va constituer une source d’inspiration essentielle à sa poésie.
Il reçoit l’éducation austère des écoles catholiques d'alors et manifeste assez vite des dons pour la poésie et la peinture qu’il ira étudier en Europe. A partir de 1934, il participe à l’aventure de "La Relève" , revue culturelle qui cherchent à susciter la conscience d’une culture québécoise. Il fait paraître, en 1937, Regards et jeux dans l’espace, le seul recueil publié de son vivant. L’œuvre reçoit un accueil mitigé et fait l’objet d’une critique virulente de Claude-Henri Crignon qui pousse le poète à la retirer des librairies.
Saint-Denys Garneau s’enferme alors peu à peu dans le silence, il mène une existence recluse dans le domaine de Saint-Catherine, poursuit son œuvre poétique jusqu’en 1938 mais ne publie rien. Il rédige un journal intime qui révèle les tourments d’une âme en quête d’absolu mais le journal s’interrompt en 1939, ses dernières lettres datent de 1941. Il trouve la mort, en 1943, lors d’une promenade en canot dans des circonstances mystérieuses. Ses poésies posthumes furent recueillies en un recueil intitulé Les solitudes et confirment l’immense talent du poète, son journal, publié en 1954 révèle une personnalité inquiète, assaillie par le doute et la culpabilité mais aussi lumineuse, éprise et de liberté et d’infini.

lundi 21 février 2011

Musset, l'enfant terrible du romantisme

L'enfance
L'Empire est à son apogée quand naît à Paris, en décembre 1810, Alfred de Musset dans une vieille famille aristocratique, son père est un lettré, il est l'auteur d'une Histoire de la vie et des oeuvres de Jean-Jacques Rousseau.
Il a, avec son frère aîné Paul, une enfance heureuse et choyée. Il est confié jusqu'à l'âge de neuf ans à un précepteur et entre ensuite au collège Henri-IV où il fait de brillantes études. Il y obtient le premier prix de dissertation française et le second prix de dissertation latine au concours général de 1827. Il devient l'ami du duc de Chartres, fils du futur roi Louis-Philippe, et de Paul Foucher, beau-frère de Victor Hugo, qui l'introduira au Cénacle romantique.
Jeune homme passionné, Alfred de Musset est aussi un poète précoce; en septembre 1827, il écrivait dans une lettre à Paul Foucher: "Je ne voudrais pas écrire ou je voudrais être Schiller et Shakespeare."
L'artiste
Appelé parfois "l'enfant terrible du romantisme", esprit indépendant, Musset incarne cependant, le mal du siècle romantique. Son oeuvre poétique, dramatique et romanesque se nourrit de ses expériences malheureuses. Il émet d'ailleurs l'idée que la souffrance est nécessaire à la création poétique (cf. « Le Pélican » dans la Nuit de mai).
Son recueil de poèmes (Contes d'Espagne et d'italie, est bien accueilli par la critique mais sa sa pièce de théâtre La Nuit vénitienne, jouée l'année suivante est un échec.
Comme beaucoup de ses héros, (Octave dans Les Caprices..., Lorenzo dans Lorenzaccio), Musset pratique la débauche et l'intempérance. Anticlérical, il avait, dit-on, la religion de l'amour. Ses liaisons furent nombreuses et multiples mais toujours intenses. "Dans quelque lieu que je fusse, déclare le héros de La Confession d'un enfant du siècle, quelque occupation que je m'imposasse, je ne pouvais penser qu'aux femmes : la vue d'une femme me faisait trembler... Or, je ne songeais qu'aux femmes et je ne croyais plus à la possibilité d'un véritable amour."
Cette contradiction est au cœur de bien des œuvres de l'auteur et de ses «échecs» amoureux. Bien des femmes ont traversé la vie de Musset. À chaque fois, ce furent exaltation et déchirements. Rencontrée en 1833, George Sand était à cette époque, comme Musset, "scandaleusement célèbre", selon l'expression de Philippe Soupault. Leur amour, emblématique du romantisme, fut une longue suite de moments de grâce et de déchirements, de lieux de prédilection (la forêt de Fontainebleau et Venise...) et de lettres passionnées. "Jamais homme n'a aimé comme je t'aime, écrit Alfred à George, je suis perdu, vois-tu, je suis noyé, inondé d'amour... tu as un autre amant, je le sais bien. J'en meurs mais j'aime, j'aime."
Dans les années qui suivent cette liaison, Musset publie ses chefs d'oeuvre On ne badine pas avec l'amour et Lorenzaccio, en 1834, la Nuit de mai et la Nuit de décembre (deux poèmes) en 1835 et la Confession d'un enfant du siècle (roman sur le mal du siècle) en 1836.
Le déclin
À partir de 1840, la production littéraire de Musset semble se tarir. Son état de santé se détériore et neurasthénie (dépression) s'accentuent. Ses excès n'y sont sans doute pas étrangers.
Par ailleurs, l'indifférence qu'il rencontre désormais auprès des critiques et des artistes, bien qu'il soit, après de nombreux échecs, élu à l'Académie française en 1852, contribue sans doute à son abattement.
Les écrivains de la génération montante, le considèrent comme le symbole des outrances du romantisme (excès de pathétique, emphase...).
« Je n'ai jamais pu souffrir ce maître des gandins, son impudence d'enfant gâté qui invoque le Ciel et l'Enfer pour des aventures de table d'hôtes, son torrent bourbeux de fautes de grammaire et de prosodie », écrira Baudelaire sans aucune indulgence.
Seuls quelques succès dramatiques tardifs, à partir de la représentation d'Un caprice en 1847, viendront éclairer une fin d'existence qui fut probablement, comme le déclarait son meilleur ami Alfred Tattet, "un affreux suicide". Musset s'éteint en 1857, il a quarante-sept ans. Selon son vœu, il sera enterré au Père-Lachaise sous l'ombre tutélaire d'un saule.
Notice biographique grandement inspirée d'un Ouvrage d'Etienne Calais, On ne badine pas avec l'amour, Alfred de Musset, coll. "Balises", Nathan, 1992.

mercredi 9 février 2011

Florian, Jean-Pierre Claris de, 1755 - 1794.

Le 6 mars 1755, Jean-Pierre Claris de Florian voit le jour au château de Florian, dans le Languedoc. Sa mère meurt l’année suivante. Malgré ce drame, le jeune Florian mènera une vie heureuse et libre dans la propriété familiale. Jean Pierre a dix ans, son éducation est confiée à son oncle, Philippe-Antoine de Claris, marié à une nièce de Voltaire. Le jeune Florian, séjourne à Ferney, chez le grand philosophe, en compagnie de ses oncle et tante, puis s’installe chez eux, dans le quartier du Marais à Paris. En 1768, il est admis en tant que page chez le Duc de Penthièvre, qui va lui faire découvrir l’univers de la cour. Florian entre à l’école militaire de Bapaume en 1771. Il en sort lieutenant mais la littérature l’attire plus que l’armée. En 1779 sa première comédie, Les deux Billets, est bien accueillie par la critique. En 1782, avec, Voltaire et le serf du Mont-Jura, poème satirique, Florian condamne la servitude. L’œuvre est récompensée par l’Académie. Une nouvelle comédie, les Jumeaux de Bergame obtient un véritable triomphe. L’année suivante, Florian publie un conte en vers inspiré d’une nouvelle de Cervantès, Galatée. Florian y révèle son talent pour la pastorale. L’œuvre est précédée d’une préface qui retrace la vie de Cervantès. Auteur désormais en vogue, Florian fréquente le salon de madame de la Briche. Il rédige, en 1786, un roman épique Numa Pompilius, il recherche la caution de l’épopée pour appuyer ses ambitions littéraires, il veut en effet obtenir un siège à l’Académie française mais son épopée est mal accueillie aussi bien par les critiques que par la reine à qui l'ouvrage était était pourtant dédié. En, 1788, Florian revient à la pastorale avec Estelle, l’ouvrage remporte un succès considérable. Promu lieutenant-colonel, notre auteur succède, à l’Académie française, au cardinal de Luynes. En 1789, alors que la révolution gronde, Florian se lance dans la composition du recueil des Fables. Florian devient commandant en chef de la garde nationale de Sceaux en 1791. Les Fables précédées d’un essai sur le genre de l’« apologue », intitulé De la fable sont éditées en 1792 et obtiennent un grand succès. Florian entreprend alors de traduire et d’adapter le Don Quichotte de Cervantès. Arrêté sur ordre du comité de salut public, en 1793, Florian est relâché après la chute de Robespierre, en 1794 mais, durement éprouvé par son séjour en prison, il succombe aux atteintes de la phtisie qui le mine depuis plusieurs années.

dimanche 9 janvier 2011

Hammett ou quand le roman policier devient littéraire...

Dashiell Hammett est mort il y a cinquante ans, le 10 janvier 1961, il avait soixante-cinq ans. Ce fut un immense écrivain, c'est lui qui, est à l'origine de ce personnage qu'on trouve aujourd'hui dans toutes sortes de films et feuilletons policiers : le détective privé "hard boiled" (dur à cuire).
Il n'a écrit que cinq romans dont quatre sont considérés comme de véritables chefs-d'oeuvre : Moisson Rouge (1929), Sang Maudit (1929, Le faucon de Malte (1930) et La clé de Verre (1931). Influencés par le cinéma, les écrivains de cette époque, cherchent une écriture objective, qui rapporte des comportements (sans s'intéresser ni aux sentiments ni aux états d'âme), on appelle parfois cette tendance ce littéraire, le courant "behaviorist".
Hammett a profondément modifié le roman policier en l'élevant au rang d'oeuvre littéraire : son personnage principal est généralement un détective privé qui exerce son métier sans états d'âme. Le romancier situe l'action de ses intrigues dans un univers urbain, corrompu et violent. L'histoire n'y a finalement qu'une importance secondaire et c'est cette atmosphère de violence et de corruption qu'on retient généralement de son oeuvre. Hammett a probablement puisé son inspiration dans sa propre expérience puisqu'il fut lui-même détective privé pour la célèbre agence Pinkerton de Philadelphie, pendant près de six ans.
Panne d'inspiration? Crise personnelle? Notre auteur publie un dernier roman en 1934 (L'Introuvable, à l'origine d'une série de films à succès dans les années trente) et cesse d'écrire. Ses opinions politiques (il était communiste) lui vaudront d'être inquiété (et même emprisonné) pendant le triste période de la "chasse aux sorcières" McCarthyste.

Moisson rouge et La Clé de Verre sont deux romans qui fonctionnent un peu sur le même thème : opposition de gangs et liquidations au sein d'une petite ville corrompue. Le second constitue une prouesse, parce qu'entièrement rédigé en focalisation externe il traduit aussi l'intérêt de Hammett pour cette science, alors nouvelle, la psychanalyse.

Sang Maudit est un roman gothique moderne qui plonge son lecteur dans l'univers trouble des sectes.

Quant au Faucon de Malte, il s'agit d'une chasse au trésor, Hammett y réutilise (il a écrit quantité de nouvelles pour les "pulps" - magazines bons marchés) le personnage de Sam Spade, privé inflexible, incarné à l'écran par Humphrey Boggart.

lundi 1 novembre 2010

Chronologie d'Hoffmann

1776: Naissance d’Ernst Theodor Wilhelm Hoffmann à Königsberg (aujourd’hui Kaliningrad) en Prusse.
1778: Séparation des parents, le petit Ernst Theodor suit sa mère qui retourne vivre dans sa famille, chez les grands-parents Dörffer. Son éducation est prise en charge par l’oncle Otto-Wilhelm que l’enfant déteste.
1786: Rencontre, au collège, de Theodor Hippel, solide éducation littéraire et musicale.
1793: Hoffmann est étudiant en droit à l’université de Königsberg.
1794: Premières compositions musicales. Mort de sa mère
1796: Le masque, qui ne trouvera ni éditeur ni metteur en scène. Hoffmann réussit l’examen d’assesseur.
1800-1802: Nommé à Posen en Silésie, ville polonaise , mariage avec Michaëlina Rohrer. Vie de dissipation dans les tavernes de la ville.Hoffmann diffuse des caricatures du commandant de la garnison de Posen, il est muté à Plock, au fin fond de la Pologne.
1804-1806: Nommé à Varsovie. Naissance d’une petite fille, Cécile. L’invasion française fait perdre à Hoffmann son emploi.
1807: Année d’errance et de privation à Berlin, la petite Cécile décède.
1808-1813: Directeur musical du théâtre de Bamberg. Hoffmann tombe amoureux de Julia Marc mais la jeune femme, obéissant à ses parents, se marie à un marchand berlinois. Hoffmann entame la rédaction de ses contes, se fait de nouveaux amis : le marchand de vin, Kunz, qui va devenir son éditeur et le docteur Marcus qui l’initie aux théories du magnétisme de Messmer.
1814: Hoffmann, grâce à Hippel, obtient un poste de conseiller à la cour de Berlin. Il rencontre les écrivains romantiques de son temps (Chamisso, Arnim, La Motte-Fouquet) et fondera, avec ces derniers, la joyeuse confrérie des « frères Saint-Sérapion. Publication du recueil, Fantaisies à la manière de jacques Callot.
1815:Parution des Elixirs du diable, roman gothique.
1816: Son opéra, Ondine, inspiré du conte de La Motte-Fouqué, inspiré du conte de La Motte-Fouqué, est joué au théâtre de Berlin qui brûle quelques semaines après les premières représentations.Rédaction avec Contessa et La Motte-Fouqué des Kinder Märchen (Contes pour enfants) parmi lesquels figure Casse-Noisette et qui obtiendra un véritable succès.
1817:Publication des Contes nocturnes, parmi lesquels "L’Homme au sable"et le "Violon de Crémone"
1818-1822:Hoffmann rassemble l’ensemble de ses contes sous le titre des Frères Sérapion. Il entame la rédaction du Chat Murr en 1819.
1822: Pour s’être attaqué au chef de la police, Kamptz dont il juge les méthodes brutales et indignes, Hoffmann est démis de ses fonctions de magistrats. Gravement malade, il succombe aux atteintes de la syphilis en juin. Son dernier conte, La Guérison, parait quelques jours après sa mort.

jeudi 28 octobre 2010

Louisa May Alcott

Louisa May Alcott est, pour le grand public, l'auteure d'un seul livre, Les quatre filles du docteur March, traduction assez improbable de Little women (1868). Ce livre a eu un tel succès qu'il a éclipsé le reste de l'oeuvre que la critique redécouvre pourtant de façon progressive. Dans les trente premières années qui ont suivi sa parution, il s'est vendu plus d'un million sept cent mille exemplaires de Little women ce qui, pour l'époque est considérable.
Devant l'ampleur du succès, Louisa, encouragée par son éditeurs dû donner des sequels (suites) à l'ouvrage :
Les filles du docteur March se marient (Little Women, part II), Le Rêve de Jo March (Little Men), La grande famille de Jo March (Jo’s boys).
Ce qu'il faut bien comprendre c'est que Little women est un ouvrage autobiographique et le personnage de Jo, cette jeune femme énergique, un peu garçon manqué, seconde d'une fratrie de quatre filles est évidemment le double littéraire de Louisa.
On la voit, dans le roman souhaiter un jour devenir écrivain et pouvoir ainsi pourvoir aux besoins de sa famille.
Il faut dire que comme dans le roman la famille Alcott dut souffrir d'une forme de déclassement social. Le révérend Bronson Alcott, père de Louisa ayant vu sa fortune disparaître suite aux malversations financières d'un ami.
Louisa comprend donc que l'une des seules voies qui s'offrent à elle, c'est l'écriture et elle se met à rédiger des Potboilers, des romans mélodramatiques. Les éditeurs français en ont exhumé quelques uns : Derrière le masque et Secrets de famille sont édités Chez Joelle Losfeld.
L'oeuvre de Louisa May Alcott a donc deux versants bien distincts : les romans pour la jeunesse qui cultivent les bons sentiments et exaltent les valeurs familiales et les mélodrames tortueux pleins de complots, de traîtres et de coups de théâtre.

dimanche 5 septembre 2010

Marguerite Yourcenar

Ce n'est pas seulement parce qu'elle fut la première femme élue à l'académie française que Marguerite Yourcenar (1903-1987, de Crayencour, de son vrai nom) occupe une place de premier plan dans la littérature française, c'est avant tout parce qu'elle laisse une oeuvre variée, éclectique rédigée dans une langue somptueuse.
Orpheline de mère pratiquement dès sa naissance, la jeune Marguerite est élevée par sa grand-mère et par son père qui l'emmène dans ses voyages (Angleterre, Suisse, Italie...). Ce père pour qui elle a une grande admiration décède en 1929. Elle entreprend alors elle même une série de voyages qui ne resteront pas sans écho dans son oeuvre future, ses terres de prédilections étant la Grèce, l'Italie, les Etats-Unis et le Japon.
Les Nouvelles orientales d'où provient le "dernier amour du Prince Genghi" sont publiées en 1938, Marguerite Yourcenar a déjà publié plusieurs romans et traduit Virginia Woolf. Ces nouvelles envisagent l'Orient dans une acception très large puisque l'Orient de M. Yourcenar est un peu celui des romantiques qui englobait le pourtour méditerranéen. Son intérêt pour le Japon se manifestera aussi par la publication d'un essai consacré au grand écrivain japonais Mishima, Mishima ou la vision du vide (1980).
En 1950, Marguerite Yourcenar se retire sur l'île des Monts désert (au large des côtes du Maine - Etats-Unis). Son chef d'oeuvre, Les Mémoires d'Hadrien, est publié l'année suivante. Il s'agit d'un roman historique dans lequel Marguerite Yourcenar confie la parole au grand empereur roman Hadrien. Tout en reconstituant la vie de l'empereur, l'auteur nous met en présence d'un humain particulièrement clairvoyant dont les méditations, les tâtonnements philosophiques constituent une véritable leçon de vie. L'ouvrage est écrit dans une langue magnifique, précise et rythmée mais difficilement accessible pour des collégiens.
Ses Nouvelles orientales (en particulier "Comment Wang Fo fut sauvé" ou "Kali décapitée)" sont accessibles de même que ses traductions de negro-spiritals (Fleuve profond, sombre rivière). Jusqu'au bout Marguerite Yourcenar aura voyagé, explorant les mystères de l'âme et la diversité culturelle de sa planète. C'est cette diversité, le sentiment d'étrangeté qui nous saisit face à l'autre qu'elle a cherché à mettre en oeuvre dans son écriture.

mercredi 17 mars 2010

L'enfance de Charlotte Brontë

Charlotte Brontë est l'aînée de la fratrie Brontë. Ou plutôt, elle le devient puisque jusqu'en 1825, (elle a neuf ans) elle perd ses deux soeurs Maria et Elizabeth qui meurent de la tuberculose. Leur décès n'est sans doute pas étranger aux conditions de vie déplorables que le pensionnat de Cowan Bridge fournissait à ses pensionnaires. Et l'on peut penser que ce sont ces conditions de vie que dénonce Charlotte dans Jane Eyre.
Pour en savoir plus sur Cowan Bridge et les mauvaises conditions de vie dans les pensionnats anglais :
http://wapedia.mobi/fr/Maria_Bront%C3%AB
Charlotte et Emilie qui avaient aussi été envoyées à Cowan Bridge sont ramenées à la maison et seront laissées plus ou moins à elles-mêmes. Le pasteur Brontë est veuf et place tous ses espoirs en Branwell, l'unique garçon né en 1817 et à qui il donne des cours de latin, d'histoire...
La passion de l'écriture naît semble-t-il très vite dans la famille. Ce sont les petites figurines de plomb (des soldats) de Branwell qui inspirent d'abord des histoires aux enfants. Charlotte et Branwell unissent leur imagination pour écrire les chroniques d'Angria : histoires romanesques qui ont pour héros des princes et princesses de royaumes imaginaires situés en Afrique.
Anne (la plus jeune) et Emily rédigent de leur côté les chroniques de Gondall. Si les chroniques d'Angria sont connues, elles ont été retrouvées et étudiées par les chercheurs), les chroniques de Gondall ont disparu : est-ce Emily qui les a détruites? Ou Charlotte? En tant que survivante de la fratrie, c'est elle qui administra les papiers de ces frères et soeurs. L'énigme subsiste.

lundi 15 février 2010

Edgar Allan Poë

Edgar Poë (1809-1849) a eu, sur la littérature moderne, une très grande influence.
Il est le père du récit policier avec les nouvelles qui mettent en scène le détective Dupin, sorte d'ancètre de Sherlock Holmes dont les talents d'observation s'avèrent incomparables. Double assassinat dans la rue Morgue, par exemple, est le premier problème de chambre close offert à la curiosité du public, la nouvelle inspirera John Dickson Carr et Gaston Leroux.
Poë explore par ailleurs tous les grands thèmes du fantastique, et construit un univers surprenant et morbide qui reste étonemment moderne. Si vous n'en lisez que deux, précipitez-vous sur le Chat noir et la Chute de la maison Usher, deux contes qui figurent dans le recueil traduit par Baudelaire, Les Nouvelles histoires extraordinaires. Le narrateur du Chat noir, pris de folie pend son chat. Commence alors pour lui un interminable cauchemar qui le conduira au bout de l'horreur. Quant au narrateur de la maison Usher qui vient rendre visite à son vieil ami, quelle n'est pas sa surprise quand il le découvre presqu'agonisant en compagnie de sa soeur, tous deux frappés par une sorte de malédiction qui s'étend sur la maison et ses alentours.
Poe est est extraordinaire conteur et les traductions de Baudelaire sont magnifiques.
On peut distinguer enfin, dans son oeuvre, un certains nombre de contes qui préfigurent la fantasy moderne (Le Masque de la Mort rouge - plus bas sur ce blog ou Hop Frog...) : l'action s'y déroule dans des contrées totalement imaginaires et le surnaturel, vengeur, semble aller de soi. Edgar Poê est indiscutablement un grand écrivain dont l'oeuvre dépaysante, moderne et profonde, donne de l'homme une vision pessimiste et annonce les grandes tendance de l'imaginaire occidental.
Edgar Poë n'eut pas le succès qu'il méritait et sa vie fut marquée par la malchance et le malheur. L'une de ses oeuvres retint néanmoins l'attention : "Le Corbeau", long poème philosophique qui enthousiasma les lecteurs du New York Evening Post.

mercredi 3 février 2010

Salinger, la mort d'un écrivain de génie

Il est des écrivains qui se font un nom autour d'un roman et d'un seul. Un roman culte qui, comme un éclair, illumine l'histoire littéraire. Les Liaisons dangereuses (Laclos), Le grand Meaulnes (Alain-Fournier), Le Guépard (Lampedusa).
Salinger était de ceux-là. Un roman emblématique, L'Attrape-Coeurs, publié en 1951, quelques nouvelles puis plus rien. L'écrivain est mort à quatre-vingt-onze ans, il y a quelques jours. Il avait choisi le silence et la retraite. Il aurait, paraît-il, beaucoup écrit depuis la publication de sa dernière nouvelle, mais rien publié, charge à ses héritiers et éditeurs de faire paraître ou non cette oeuvre silencieuse.
Ce qui peut vous intéresser, c'est évidemment l'Attrappe-coeurs, qui est le roman d'une fugue mais aussi le roman de la jeunesse. Le héros, Holden Caulfield, se fait renvoyer du pensionnat de Pencey Prep. Il fait sa valise, en pleine nuit et regagne New-York où, de rencontre en rencontre, il découvre la vanité des adultes - vain (d'où vient le mot vanité) veut dire vide. Il profite de l'absence de ses parents pour rendre visite à sa petite soeur, Phoebé, dix ans, la seule personne qui, pour lui, compte vraiment.
Le titre du roman s'explique par le récit d'un rêve qu'Holden fait à Phoebé, il explique qu'il est le "catcher in the rye", (l'attrape coeur), le sauveur d'enfants que leur insouciance peut conduire à tomber d'une haute falaise (symboliquement l'âge adulte). Le rêve ne fait que confirmer les problèmes soulevés par le récit, ce que Holden redoute, c'est l'entrée dans l'âge adulte parce que les adultes n'ont rien à proposer, rien à donner, pas le moindre idéal.
On comprend dès lors, pourquoi l'Attrape-coeurs est un roman culte, il est le cri d'une jeunesse en manque d'idéaux qui refuse le monde prosaïque de la consommation et ne trouve d'échappatoire que dans la nostalgie de l'enfance.

vendredi 8 janvier 2010

Camus est mort il y a cinquante ans


Camus est l'un des grands écrivains français du XXe siècle. Né en 1913 en Algérie, il est mort le 4 janvier 1960 dans un accident de voiture. On étudie peu Camus au collège parce que son oeuvre est jugée difficilement abordable.
Je suis néanmoins certain qu'elle peut intéresser certains d'entre vous.

Quelques clés :
Camus est d'abord connu pour avoir écrit un cycle sur l'absurde.
L'absurde c'est le constat que la vie n'a pas de sens. Camus écrit donc, sur ce premier constat, trois oeuvres. Un essai philosophique, Le Mythe de Sysiphe, un très beau roman, L'Etranger et une pièce de théâtre remarquable Caligula.

Vous pouvez lire l'Etranger, vous serez certainement déconcertés par le personnage, Meursault, le narrateur, qui semble vivre effectivement comme un "étranger" en ce monde. Il écrit à la première personne, mais n'exprime jamais ses sentiments.
Le roman commence comme ceci :
Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J'ai reçu un télégramme de l'asile: «Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués.» Cela ne veut rien dire. C'était peut-être hier.
L'asile de vieillards est à Marengo, à quatre-vingts kilomètres d'Alger. Je prendrai l'autobus à deux heures et j'arriverai dans l'après-midi. Ainsi, je pourrai veiller et je rentrerai demain soir.


A la suite de cet ensemble, Camus a écrit un deuxième cycle, qu'on appelle "cycle de la révolte". Camus y explique que si ce monde est absurde, l'homme y a malgré tout un devoir : se révolter contre les injustices et les maux qui l'affligent.
Il rapporte le fruit de ses réflexions dans L'Homme révolté, un très bel essai qui condamne les régimes totalitaires dont l'Union soviétique. Cet essai lui a valu beaucoup d'ennemis. A côté de sa pièce, Les Justes, il produit un autre grand roman, La Peste, dans lequel le mal prend les traits d'une épidémie de peste. Face à ce fléau, le docteur Rieux et les habitants d'Oran s'organisent. Le roman est magnifiquement écrit et mérite qu'on s'arrête ici où là pour réfléchir.
Chacun des personnages incarne une façon de réagir au mal et à l'injustice mais nous pouvons aussi nous retrouver dans tous les personnages à la fois. Quoiqu'il en soit, les personnages se révèlent dans leur façon d'agir, ils sont justes, courageux, solidaires, modestes, crédules, désespérés ou lâches et profiteurs. Ils se construisent par leurs actes, en ce sens Camus est parfois qualifié d' "existentialiste".

Camus reçoit, en 1957, le prix Nobel de littérature, une distinction décernée par un jury de Stockholm et qui veut souligner la valeur d'une oeuvre pour l'ensemble de l'humanité.
Son plus beau roman est, à mon sens, La Chute, une machiavélique histoire de culpabilité et d'impossible rédemption. Il vaut mieux lire ce roman au Lycée. Vous pouvez par contre lire le dernier roman de Camus, un roman autobiographique, Le premier homme. Camus était en train de l'écire au moment où il a trouvé la mort, dans un accident de voiture. L'oeuvre est inachevée mais constitue un émouvant témoignage sur la jeunesse de l'auteur en Algérie.
Camus était né dans un milieu très pauvre, son père est mort alors qu'il n'avait qu'un an, pendant la guerre 14-18 - vous pouvez vous recueillir sur sa tombe au cimetière Saint-Michel, à Saint-Brieuc, à gauche en entrant - et sa mère vivait en faisant des ménages ou un peu de coutûre pour les autres. Camus doit beaucoup à l'école, à son instituteur qui a très vite deviné en lui une personnalité d'exception. Il est sans conteste l'un des grands humanistes de ce temps et dans un siècle qui a connu les pires abominations, ce n'est pas rien!

2010 est l'année Camus, ne passez pas à côté.

Pour un premier compte rendu de lecture en première

Parcours « Marginalité, plaisir du romanesque » (Roman)  Claire de Duras , Ourika *, « Classiques et cie », Hatier ; Victor Hugo, Notre Dam...