S'agit-il d'un genre particulier?
Le récit s'oppose-t-il au roman?
Une définition de Jean-José Marchand, qui reprend pour une grande part une distinction déjà établie par André Gide, « un récit reproduit des évènements
conformément aux lois de l'exposition, un roman nous montre ces évènements dans
leur ordre propre. Nous pouvons, aidés par cette formule, distinguer à grands
traits le roman pur du récit pur; le roman a lieu, le récit a eu lieu; le roman
nous livre peu à peu un caractère, le récit l'explique; le roman regarde naître
les évènements, le récit les fait connaître; le roman est constitué par des
suites vivantes, le récit par des causales; le roman se déroule au présent, le
récit éclaire le passé. La première conséquence de ces observations est que le
récit, quand ses héros sont des hommes, étudie de préférence une crise (qu'il
explique), tandis que le roman n'a pas de sujet nécessaire, mais ses héros sont
toujours des hommes. Gide a parfaitement raison, selon Sartre, de remarquer que
le roman est " un surgissement perpétuel; chaque nouveau chapitre doit poser un
nouveau problème, être une ouverture, une direction, une impulsion, une jetée
en avant de l'esprit du lecteur."
Existe-t-il une spécificité du "récit d'enfance"? Les programmes de troisième publiés en 2008 semblent le considérer et offrent même une liste de titres :
Colette, Sido, La Maison de Claudine, Albert Cohen, Le Livre de ma mère, Nathalie Sarraute, Enfance, Fred Uhlman, L’Ami retrouvé, Hervé Bazin, Vipère au poing, Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes, Romain Gary, La Promesse de l’aube, Italo Calvino, Le Baron perché, Driss Chraïbi, La Civilisation, ma mère ! Camara Laye, L’Enfant noir, Amos Oz, Soudain dans la forêt profonde, Annie Ernaux, La Place, Tahar Ben Jelloun, L’Enfant de sable, Andreï Makine, Le Testament français.
La liste est très éclectique et comporte des exemples
- d'autobiographie (Sarraute, Camara Laye, Chraïbi)
- de romans autobiographiques - ou autofictions pour reprendre un terme à la mode (Colette, Bazin, Annie Ernaux)
- de romans ou récits (Uhlman, Alain-Fournier)
- voire même de contes à tonalité philosophique (Calvino, Amos Oz)
Les programmes de français de 3e sont centrés sur le XXe siècle, on serait donc tenter d'y ajouter quelques grands classiques : Les quatre filles du docteur March, Tom Sawyer, Les romans de Dickens, L'Enfant de Jules Vallès, Morbacka de Selma Lagerlöf...
Une réflexion intéressante enfin ici :