jeudi 4 novembre 2010

Le fantastique, un genre à part

1/ Petite histoire

Contrairement a une idée reçue qui fait du fantastique un genre anglo-saxon le fantastique est né en France, au XVIIIe siècle.
La première oeuvre véritablement fantastique est due à Jacques Cazotte, il s'agit d'un court roman, le Diable amoureux, dans lequel l'auteur imagine qu'un jeune homme téméraire, Alvare n'hésite pas à invoquer et à faire surgir le diable. Ce dernier finit par prendre la forme d'une jeune femme, Biondetta, qui poursuit le héros de ses assiduités. Pour ceux qui voudraient lire cette histoire, elle est téléchargeable sur :
Un autre français d'origine polonaise, Jean Potocki, publie l'un des chefs-d'oeuvre du genre, La duchesse d'Avila, en 1804, roman complexe plutôt destiné au lycéen.
C'est Hoffmann dont les contes seront traduits en 1830 qui lance la mode du conte fantastique, ses histoires connaissent un succès énorme et vont enthousiasmer toute la génération romantique.
La plupart des grands romanciers du XIXe siècle s'y adonnent : Théophile Gautier avec la Morte amoureuse (l'une des premières histoires de vampirisme écrite en France), Balzac avec un roman étrange, la Peau de Chagrin, Dumas avec une série de contes, dont l'un des plus intéressants, la Dame pâle, a été récemment réédité en folio, Mérimée avec la Venus d'Ille (généralement appréciée des professeurs de français - je préfère en ce qui me concerne Lokis, sur le thème de la métamorphose) et bien sûr Maupassant dont les nouvelles sont d'impeccables mécaniques à générer l'angoisse (La Peur, Apparition...) - le site consacré à Maupassant est le suivant : http://maupassant.free.fr/, vous y trouverez tous ses contes fantastiques.
Il faut bien avouer qu'à la fin du XIXe siècle, le fantastique devient anglo saxon, Baudelaire traduit les magnifiques contes d'Edgar Poe (Le Masque de la mort rouge est quelque part sur ce blog), Bram Stoker rédige le chef-d'oeuvre du genre, Dracula, vampire autrement plus efficace qu'Edward Cucu (celui de Mrs Meyer), Oscar Wilde renouvelle le thème du pacte infernal avec Le Portrait de Dorian Gray et Henri James publie une magistrale histoire de fantôme, Le Tour d'écrou.

2/ Définition

Pour qu'il y ait fantastique, il faut un univers réaliste. Ce qui explique pourquoi le fantastique réussit à faire peur, là où le merveilleux échoue. Le Dracula de Bram, se promène et étanche sa fringale d'hémoglobine dans NOTRE monde. La méchante belle-mère de Blanche-Neige nous concerne beaucoup moins parce qu'elle appartient à un autre univers, celui d' "il était une fois..."

Il faut ensuite un événement surnaturel qui étonne, scandalise ou terrifie les personnages: quand les héros de Dracula prennent conscience des étranges et terrifiants pouvoirs du comte, ils ont évidemment beaucoup de mal à s'en remettre alors qu'Alice s'accommode très bien de prendre le thé avec un lièvre parlant!
Il faut enfin que le lecteur puis hésiter entre deux solutions : réels, les fantômes de Maupassant ou illusions d'une conscience dérangée?

Ces trois conditions réunies, nous aurons indubitablement affaire à un récit fantastique.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Informer, s'informer déformer

  Classiques Maupassant,  Bel Ami **, l’école des loisirs ; Jules Verne,  Michel Strogoff **, l’école des loisirs ; Jules Verne,  La Journée...