mardi 18 janvier 2011

Le Parnasse (1)

I. Définition

Dans la mythologie grecque, le Parnasse est la résidence d’Apollon et des neuf muses. C’est en référence à ce lieu sacré, symbole de l’inspiration qu’un groupe de poètes de la seconde moitié du XIXe siècle se baptise du nom de « Parnasse ». Ces poètes qui, rejettent le romantisme, veulent une esthétique moderne fondée sur la perfection formelle et le rejet de l’outrance lyrique.

II. Aux sources du mouvement

Deux poètes servent de modèle à la jeune génération parnassienne : Théodore de Banville qui, dans Les Cariatides (1842), déplace l’inspiration lyrique au cœur de la Grèce antique et surtout Théophile Gautier qui, avec Emaux et Camées (1852), illustre une doctrine de "l’art pour l’art": « Il n’y a vraiment de beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid, car c’est l’expression de quelque besoin, et ceux de l’homme sont ignobles, comme sa pauvre et infirme nature. »

III. Esthétique du Parnasse

Autour de Leconte de Lisle, qui fait figure de chef de file (il reçoit les jeunes parnassiens dans son salon du Boulevard des Invalides), s’élabore peu à peu la doctrine parnassienne.

A. Un lyrisme tempéré

Avec les « Montreurs », le maître condamne le lyrisme en l’assimilant à un spectacle de foire destiné au vulgaire. :

Tel qu'un morne animal, meurtri, plein de poussière,
La chaîne au cou, hurlant au chaud soleil d'été,
Promène qui voudra son cœur ensanglanté
Sur ton pavé cynique, ô plèbe carnassière !

Pour mettre un feu stérile en ton œil hébété,
Pour mendier ton rire ou ta pitié grossière,
Déchire qui voudra la robe de lumière
De la pudeur divine et de la volupté.

Dans mon orgueil muet, dans ma tombe sans gloire,
Dussé-je m'engloutir pour l'éternité noire,
Je ne te vendrai pas mon ivresse et mon mal,

Je ne livrerai pas ma vie à tes huées,
Je ne danserai pas sur ton tréteau banal
Avec tes histrions et tes prostituées.

Leconte de Lisle, « Les Montreurs », Poèmes barbares, 1862.

S’il ne rejette pas de façon absolue le lyrisme, il préconise une esthétique de la pudeur et défend une conception aristocratique de la poésie fondée sur le refus de la facilité et l’exaltation du beau.


ill. portrait de Leconte de Lisle par Jacques Léonard Blanquer

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