I. Définition
Jusqu’au XIXe siècle l’idée qu’un poème puisse s’écrire en prose eût semblé une absurdité, tant l’idée même de poésie était liée à la fabrique du vers. Quoiqu’il en soit le poème en prose existe et pose la question de la poésie et de sa spécificité. Certains critères s’imposent d’emblée pour le définir , le poème en prose se présente comme un texte bref et autonome, intense par sa polysémie ou l’utilisation ludique et esthétique qu’il fait du langage.
II. Brièveté, autonomie
Les premiers recueils de poèmes en prose se présentent effectivement comme une succession de textes brefs clos sur eux-mêmes. Les proses du Gaspard de la nuit d’Aloysius Bertrand (1852) se reconnaissent aisément en ce qu’elles tiennent sur une page et se structurent en brefs paragraphes qui suggèrent autant d’unités.
Le Spleen de Paris de Baudelaire (poèmes rédigés entre 1855 et 1864) pose déjà plus de problèmes, certains textes atteignent les dimensions d’une nouvelle et s’en rapprochent également par leur sujet (« Le joueur généreux », par exemple). Dans la lettre à Arsène Houssaye où Baudelaire définit ce qu'il a voulu faire, il écrit : « Hachez-la en de nombreux fragments et vous verrez que chacun peut exister à part ». Preuve que le texte est bien autonome.
Suzanne Bernard distinguera deux grandes tendances dans l’élaboration du poème en prose. Soit le poème est hyper structuré, hyper travaillé, soit il est composé de façon un peu imprévisible en toute liberté.
On comparera rapidement deux textes, révélateurs de ces deux modes d’existence :
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