mardi 8 février 2011

Le haïku

1. Définition Le haïku (on dit aussi "haïkaï") est un poème à forme fixe d’origine japonaise. Il se compose de trois vers qui font respectivement cinq, sept et cinq syllabes.

2. Le haïku japonais Né aux environs du Xe siècle le haïku fut longtemps une sorte de jeu, un poème destiné à attirer l’attention par un trait d’humour, l’évocation d’un détail insolite. Au XVIIe siècle, le moine Matsuo Munefusa plus connu sous le nom de Bashô s’appuie sur la tradition du bouddhisme zen pour faire du haïku un exercice spirituel. Le haïku deviendra cette parole qui a pour fonction de rappeler les vertus du silence et la vanité de toute parole. Le haïku se plait à évoquer la nature et, après Bashô, la règle s’établit de signifier par le biais d’un mot ou d’un indice indirect, l’une des quatre saisons.

Ce chemin, Personne ne le prend Que le couchant d’automne.

Bashô, cité par Henri Brunel, Les haïkus, Librio.

Piège à pieuvre Rêves voltigeant Lune d’été

Bashô, in Fourmis sans ombre, le livre du haïku, Phébus.

« Les Japonais apportent, disait Paul Claudel, dans la poésie comme dans l’art une idée très différente de la notre. La nôtre est de tout dire, tout exprimer […] Au Japon, au contraire, sur la page écrite ou dessinée la part la plus importante est toujours laissée au silence » et de fait le haïku apparaît bien comme une césure dans le silence de la page blanche.

3. Le Haïku en France

Le premier recueil de haïkus français, Au fil de l’eau, est réalisé par Paul-Louis Couchoud de retour d’un voyage au Japon et deux de ses amis Albert Poncin et André faure. Mûri au cours d’un voyage en péniche effectué par les trois amis, le recueil circule, sans nom d'auteur dans le Paris de 1905 qui a déjà succombé à la mode des japonaiseries.

Le vieux canal Sous l’ombre monotone S’est vert-de-grisé

Au fil de l’eau, Mille et une nuits.

Le pasteur A pris pour bonne Une jolie catholique

Au fil de l’eau, Mille et une nuits.

En 1920 la NRF publie une anthologie du haïku, dans laquelle figurent des poèmes d’Eluard, Caillois…« Onze haïkaï » de Paul Eluard.

Une plume donne au chapeau Un air de légèreté La cheminée fume

Eluard, « 11 », Pour vivre ici, onze haïkaï.

Claudel, ancien ambassadeur au Japon, publie ses réflexions sur la culture japonaise dans L’Oiseau noir dans le soleil levant (1929) mais c’est avec Cent phrases pour un éventail qu’il s’exerce à l’art du haïku et rend hommage au Japon en plaçant son texte en regard d’idéogrammes composés par des artistes japonais. C’est à partir des années soixante-dix que le haïku suscite en France un regain d’intérêt. Si les contraintes formelles initiales sont rarement respectées, la concision de l’expression, une certaine dimension intemporelle, une interpellation ontologique demeurent.

Eugène Guillevic (1907-1997) réfractaire à l’image utilise volontiers une forme condensée du haïku pour interroger les mystères de la nature :

L'eau Dans l'étang Est occupée À garder le temps.

Guillevic, Sphères.

Dans le Chemin de halage, Le loup et la lune, Yvon Le Men (né en 1953) renoue avec l’essence du haïku et s’il ne cherche pas à en restituer la forme absolument, il en saisit l’esprit :

Feuille de lierre dans le courant sait-elle où elle va ? Yvon Le Men, Le chemin de halage.

la nuit ne tombe pas elle descend dans le jour Yvon Le Men, Le loup et la lune.

L’anthologie récente de Jean Antonnini, les nombreuses associations de poètes amateurs présentes sur le web traduisent l’engouement grandissant pour un genre.

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