jeudi 14 août 2025

Les Images

I. Définition

Les images sont des figures de style qui consistent à opérer une comparaison entre deux éléments (le comparé et le comparant), sur la base d’un élément commun (l’élément de comparaison) qui précise l’analogie.

 II. La comparaison

La comparaison est la plus explicite des images, elle repose généralement sur quatre éléments : le comparé et le comparant, un outil, qui manifeste le rapport de ressemblance, et un élément de comparaison :
La femme cependant, de sa bouche de fraise, 
En se tordant, ainsi qu’un serpent sur la braise, 
Baudelaire, « Les Métamorphoses du vampire », Les Fleurs du Mal
Martin van Maele, "La Métamorphose du vampire".
Dans cette comparaison de Baudelaire, les quatre éléments sont explicitement signalés dans la phrase: Terme comparé : "la femme";
élément de comparaison : "se tordant";
outil de comparaison : "ainsi qu'";
terme comparant : "un serpent sur la braise ".

III. La Métaphore 

La métaphore pourrait se définir comme une comparaison elliptique, le langage faisant l’économie de l’une des composantes à l’œuvre dans la comparaison. L’élément de comparaison, par exemple peut ne pas être évoqué :
Yeux, lacs avec ma simple ivresse de renaître
Mallarmé, « Le Pitre châtié », Poésies
L’imagination peut alors se déployer : est-ce la couleur des yeux qui inspire la métaphore ? Leur éclat ? Le sentiment amoureux éprouvé par le poète qui se manifeste dans l’ivresse pressentie d’une renaissance ?
La Métaphore filée Lorsque la métaphore s’étend et multiplie les éléments de comparaison, on parle de métaphore filée :
Si ton âme enchaînée, ainsi que l'est mon âme, 
Lasse de son boulet et de son pain amer, 
Sur sa galère en deuil laisse tomber la rame, 
Penche sa tête pâle et pleure sur la mer...
Vigny, « La Maison du berger », « Lettre à Eva », Les Destinées
La comparaison de l’âme à un galérien fatigué s’élabore d’abord de façon allusive pour ensuite se déployer de manière à suggérer l’épuisement et le découragement. I

IV. La personnification

Il s’agit en fait d’une métaphore dont le comparant (un être animé) est simplement suggéré.
Il existe plusieurs manières de construire une personnification :
A. L’objet sujet
Le poète fait de l’objet personnifié, le sujet d’une action habituellement effectuée par un être humain :
La lune peignait ses cheveux avec un démêloir d'ébène qui argentait d'une pluie de vers luisants les collines, les prés et les
bois.
Aloysius Bertrand, « Le Fou », Gaspard de la nuit.
La personnification de la lune en femme peignant ses cheveux permet d’amorcer une métaphore qui permet d’assimiler le lumière à des gouttelettes se détachant d’une chevelure.
B. L’objet vivant
Il est aussi possible d’attribuer les caractéristiques d’un être vivant à un objet inanimé :
Ce cœur de l'eau souvent malade et sans mémoire.
Rodenbach, « Le Cœur de l’eau », Règne du silence.
Par ce procédé Rodenbach métamorphose la ville envahie de canaux en un gigantesque corps vivant atteint de maladie.
C. L’objet apostrophé
Apostropher un objet revient à lui conférer le statut d’interlocuteur et donc d’être vivant :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Rimbaud, « Le dormeur du val », Poésies.
La personnification permet de conférer ironiquement à la nature des dispositions maternelles.
D. La prosopopée
A l’inverse, la prosopopée consiste à faire parler un mort, un animal, un objet, un concept :
Je suis la pipe d'un auteur ;
On voit, à contempler ma mine,
D’Abyssinienne ou de Cafrine,
Que mon maître est un grand fumeur.
Baudelaire, « La Pipe », Les Fleurs du Mal.
L’objet ainsi saisi, est généralement valorisé et autorise l’expression d’un discours décalé qui se signale par son étrangeté.

V. L’Allégorie
L’allégorie consiste à figurer une idée abstraite sous la forme d’une image. L’Albatros de Baudelaire représente de façon allégorique la condition du poète persécuté, le sens de  l’allégorie est d’ailleurs explicitée dans un dernier quatrain fut rajouté par le poète
 
Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
 
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à coté d'eux.
 
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!

Le Poête est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
Baudelaire, « L’Albatros », Les Fleurs du Mal.
L’animal symbolise l’inadaptation du poète au monde des hommes, mais aussi une aptitude à fréquenter les « nuées » ainsi qu’à percevoir les « gouffres amers » de la condition humaine. Les hommes d’équipages offrent une vision grotesque de la société humaine occupée avant tout de distractions grossières et cruelles. L’Allégorie organise un réseau d’échos sémantiques qui mettent l’idée et ses ramifications en image.

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