mardi 19 janvier 2010

Le conditionnel

1. Sa morphologie

On constate que le conditionnel emprunte au futur simple sa base et, à l'imparfait, ses désinences. Prenons le verbe avoir :

J'aurais
Tu aurais
Il aurait
Nous aurions
Vous auriez
Ils auraient
La base "aur-" est bien celle du futur et le groupe de désinences rappelle l'imparfait.

Le conditionnel passé se forme, comme tous les temps composés avec l'auxiliaire (être ou avoir) au conditionnel.
J'aurais eu
Nous aurions eu

Je serais venu(e)
Nous serions venu(e)s (Attention à l'accord).

Il existait autrefois un conditionnel passé dit de "deuxième forme" qui a aujourd'hui disparu des grammaires, dommage, il était bien étrange et bien joli :

J'eusse eu, tu eusses eu, il eût eu...

Les "bons" en grammaire reconnaitront notre plus que parfait du subjonctif, qui, lui aussi, tend à disparaître.

2. Son utilisation

Le conditionnel sert généralement à exprimer une supposition qui dépend d'une condition:
Il lui semblait que si elle touchait à cette poupée, le tonnerre en sortirait. (Hugo)

C'est aussi le mode du rêve:
Jouons avec cette poupée. Ce serait ma petite fille. Je serais une dame, je viendrais la voir... (Hugo toujours, dans les Misérables)

Il sert à atténuer l'expression pour émettre un ordre ou un souhait :
Pourriez-vous me passer un effaceur ?

Le conditionnel est un temps lorsque, par rapport à un fait passé, il exprime le futur :
Elle se disait que la Thénardier la gronderait et la battrait . (Hugo, dans les Misérables encore)



Ill. : vous aurez reconnu le Chat de Geluck.

lundi 18 janvier 2010

Ecriture épistolaire

Apollinaire fut un grand poète, l'un de ceux qui ont fait entrer la poésie dans la modernité. On lui doit les Calligrammes (1918), ces petits poèmes qui épousent la forme d'un dessin, un superbe recueil de poèmes, Alcools (1913) dans lequel il se livre à toutes sortes d'expérimentations. Notre poète mourra en 1918 de la grippe espagnole (les vaccins n'existaient pas!) Ses Poèmes à Lou, publiés bien après sa mort, sont pour certains, des lettres qu'il envoya du front à sa bien aimée.

Mourmelon le Grand, 6 avril 1915


MA Lou je coucherai ce soir dans les tranchées
Qui près de nos canons ont été piochées
C'est à douze kilomètres d'ici que sont
Ces trous où dans mon manteau couleur d'horizon
Je descendrai tandis qu'éclatent les marmites
Pour y vivre parmi nos soldats troglodytes
Le train s'arrêtait à Mourmelon le Petit
Je suis arrivé gai comme j'étais parti
Nous irons tout à l'heure à notre batterie
En ce moment je suis parmi l'infanterie
Il siffle des obus dans le ciel gris du nord
Personne cependant n'envisage la mort

Et nous vivrons ainsi sur les premières lignes
J'y chanterai tes bras comme les cols des cygnes
J'y chanterai tes seins d'une déesse dignes
Le lilas va fleurir Je chanterai tes yeux
Où danse tout un chœur d'angelots gracieux
Le lilas va fleurir ô printemps sérieux
Mon cœur flambe pour toi comme une cathédrale
Et de l'immense amour sonne la générale
Pauvre cœur pauvre amour Daigne écouter le râle
Qui monte de ma vie à ta grande beauté
Je t'envoie un obus plein de fidélité
Et que t'atteigne ô Lou mon baiser éclaté

Apollinaire, Poèmes à Lou, 1947.
Ill. Marie Laurencin, Apollinaire et ses amis, 1903 (Beaubourg).

vendredi 8 janvier 2010

Camus est mort il y a cinquante ans


Camus est l'un des grands écrivains français du XXe siècle. Né en 1913 en Algérie, il est mort le 4 janvier 1960 dans un accident de voiture. On étudie peu Camus au collège parce que son oeuvre est jugée difficilement abordable.
Je suis néanmoins certain qu'elle peut intéresser certains d'entre vous.

Quelques clés :
Camus est d'abord connu pour avoir écrit un cycle sur l'absurde.
L'absurde c'est le constat que la vie n'a pas de sens. Camus écrit donc, sur ce premier constat, trois oeuvres. Un essai philosophique, Le Mythe de Sysiphe, un très beau roman, L'Etranger et une pièce de théâtre remarquable Caligula.

Vous pouvez lire l'Etranger, vous serez certainement déconcertés par le personnage, Meursault, le narrateur, qui semble vivre effectivement comme un "étranger" en ce monde. Il écrit à la première personne, mais n'exprime jamais ses sentiments.
Le roman commence comme ceci :
Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J'ai reçu un télégramme de l'asile: «Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués.» Cela ne veut rien dire. C'était peut-être hier.
L'asile de vieillards est à Marengo, à quatre-vingts kilomètres d'Alger. Je prendrai l'autobus à deux heures et j'arriverai dans l'après-midi. Ainsi, je pourrai veiller et je rentrerai demain soir.


A la suite de cet ensemble, Camus a écrit un deuxième cycle, qu'on appelle "cycle de la révolte". Camus y explique que si ce monde est absurde, l'homme y a malgré tout un devoir : se révolter contre les injustices et les maux qui l'affligent.
Il rapporte le fruit de ses réflexions dans L'Homme révolté, un très bel essai qui condamne les régimes totalitaires dont l'Union soviétique. Cet essai lui a valu beaucoup d'ennemis. A côté de sa pièce, Les Justes, il produit un autre grand roman, La Peste, dans lequel le mal prend les traits d'une épidémie de peste. Face à ce fléau, le docteur Rieux et les habitants d'Oran s'organisent. Le roman est magnifiquement écrit et mérite qu'on s'arrête ici où là pour réfléchir.
Chacun des personnages incarne une façon de réagir au mal et à l'injustice mais nous pouvons aussi nous retrouver dans tous les personnages à la fois. Quoiqu'il en soit, les personnages se révèlent dans leur façon d'agir, ils sont justes, courageux, solidaires, modestes, crédules, désespérés ou lâches et profiteurs. Ils se construisent par leurs actes, en ce sens Camus est parfois qualifié d' "existentialiste".

Camus reçoit, en 1957, le prix Nobel de littérature, une distinction décernée par un jury de Stockholm et qui veut souligner la valeur d'une oeuvre pour l'ensemble de l'humanité.
Son plus beau roman est, à mon sens, La Chute, une machiavélique histoire de culpabilité et d'impossible rédemption. Il vaut mieux lire ce roman au Lycée. Vous pouvez par contre lire le dernier roman de Camus, un roman autobiographique, Le premier homme. Camus était en train de l'écire au moment où il a trouvé la mort, dans un accident de voiture. L'oeuvre est inachevée mais constitue un émouvant témoignage sur la jeunesse de l'auteur en Algérie.
Camus était né dans un milieu très pauvre, son père est mort alors qu'il n'avait qu'un an, pendant la guerre 14-18 - vous pouvez vous recueillir sur sa tombe au cimetière Saint-Michel, à Saint-Brieuc, à gauche en entrant - et sa mère vivait en faisant des ménages ou un peu de coutûre pour les autres. Camus doit beaucoup à l'école, à son instituteur qui a très vite deviné en lui une personnalité d'exception. Il est sans conteste l'un des grands humanistes de ce temps et dans un siècle qui a connu les pires abominations, ce n'est pas rien!

2010 est l'année Camus, ne passez pas à côté.

lundi 4 janvier 2010

Les subordonnées circonstancielles de temps

1. Il s'agit de popositions subordonnées conjonctives, elles sont introduites par une conjonction :
quand, lorsque, comme
ou par une locution conjonctive :
dès que, pendant que, avant que, jusqu'à ce que, après que...

Ex. Pendant que Fionna lève la main, Hugo fait des grimaces.

2. Les subordonnées circontancielles de temps peuvent exprimer :

- la simultanéité : l'action exprimée par la principale et celle exprimée par la subordonnée ont lieu en même temps
Ex. Pendant que le professeur explique ce qu'est une subordonnée, Lucie papote.

- l'antériorité : l'action exprimée par la subordonnée a lieu avant celle exprimée par la principale
Ex. Emmanuel fait ses exercices après qu'il a appris ses leçons. Enfin, parfois!

- la postériorité : l'action exprimée par la subordonnée a lieu après celle exprimée par la principale
Ex. Le portrait de Lucie est resté au tableai jusqu'à ce que le cours de français des 4e7 finisse.

3. On utilise le subjonctif dans les subordonnées qui expriment la postériorité :

Ex. Julien finit son exercice avant que les autres ne commencent.

Après "après que", on doit utiliser l'indicatif.

Après qu'il a été élu, Antoine a été applaudi.

Exemple d'abécédaire réalisé à partir des "Fleurs du Mal" de Baudelaire

Beauté : La beauté est le centre des réflexions de Baudelaire . Il pense que le « beau est toujours bizarre » et se propose avec ce recueil...