Bibliographies, synthèses de cours, méthodologie... (M. Labbe)
jeudi 14 avril 2011
L'expression de l'hypothèse
lundi 4 avril 2011
Saint-Denys Garneau, Regards et jeux dans l'espace

Avec Regard et jeux dans l'espace, Saint-Denys Garneau compose une oeuvre originale, rédigée dans une langue épurée, et qui met en oeuvre images et symboles élémentaires. Le poème liminaire donnera une idée de l’efficacité avec laquelle Saint-Denys Garneau use du vers libre : Je ne suis pas bien du tout assis sur cette chaise Et mon pire malaise est un fauteuil où l’on reste Immanquablement je m’endors et j’y meurs. Mais laissez moi traverser le torrent sur les roches Par bonds quitter cette chose pour celle là Je trouve l’équilibre impondérable entre les deux C’est là sans appui que je me repose. Saint-Denys Garneau « C’est là sans appui », Regards et jeux dans l’espace.
Un tercet de mètres impairs (13/13/11) précède un quatrain aux mesures majoritairement paires (13/12/14/10), l’expression du malaise et du déséquilibre s’incarne dans l’utilisation des mesures impaires ; l’équilibre retrouvé, la vie, explosent dans les mesures paires aux rythmes croissants du quatrain. Le poème liminaire annonce par ailleurs les grands thèmes de l’œuvre : le malaise, lié à l’enfermement et à l’inertie, la vie associée au mouvement dans l’espace et au jeu. Le recueil explore cette dualité entre vie et non-vie, entre aspiration à l’épanouissement, au mouvement et poids du préjugé, des conventions culturelles.
La nature constitue, dans cette quête de liberté, l’adjuvant essentiel, une sorte de miroir de l’infini : « Ils [les yeux] sont conduits à la douce ondulation des cimes, et y demeurent balancés, en suspens. L’espace, l’illimité se trouve au-delà, mystérieusement caché et nous lance un appel indéfini, extrêmement captivant. »
Saint-Denys Garneau, Journal.
Elle procure aussi au poète un symbolisme simple, l’arbre lui fournit le modèle de l’esquisse et lui permet d’affirmer l’unité profonde de sa démarche artistique de peintre et de poète :
Est-il rien de meilleur pour vous chanter les champs Et vous les arbres transparents Les feuilles Et pour ne pas cacher la moindre des lumières Que l’aquarelle, cette claire Claire tulle ce voile clair sur le papier.
Saint-Denys Garneau « L’aquarelle », Regards et jeux dans l’espace.
Conscient de sa propre misère, douloureusement hanté par la mort, il recherche dans l’épure la beauté qui permettrait d'échapper au néant :
Je suis une cage d’oiseau Une cage d’os Avec un oiseau L’oiseau dans ma cage d’os C’est la mort qui fait son nid…
Saint-Denys Garneau, « Cage d’oiseau », Regards et jeux dans l’espace.
Héritage d’un catholicisme qu’il ne reniera jamais, nostalgie du paradis perdu, c’est l’image de l’enfant qui vient incarner l’idéal tant recherché. L’enfant qui joue, c’est le poète qui crée, l’enfant opprimé dans son désir de danser, c’est la fantaisie brimée par la société. Le jeu, l’espace sont les symboles clés d’une poésie de la liberté qui élève la fragilité de son chant contre les rigueurs de la société. :
Mes enfants, vous dansez mal
Il faut dire qu’il est difficile de danser ici
Dans ce manque d’air
Ici sans espace qui est toute la danse
Saint-Denys Garneau, « Spectacle de la danse », Regards et jeux dans l’espace.
Incompris, mal jugé, le poète préférera le silence à la danse des mots qu’il avait si magnifiquement orchestrée. Son silence, sa mort prématurée en feront une icône à la manière de Rimbaud.
Saint-Denys Garneau

lundi 21 février 2011
Musset, l'enfant terrible du romantisme


mercredi 9 février 2011
Florian, Jean-Pierre Claris de, 1755 - 1794.

mardi 8 février 2011
Le haïku

2. Le haïku japonais Né aux environs du Xe siècle le haïku fut longtemps une sorte de jeu, un poème destiné à attirer l’attention par un trait d’humour, l’évocation d’un détail insolite. Au XVIIe siècle, le moine Matsuo Munefusa plus connu sous le nom de Bashô s’appuie sur la tradition du bouddhisme zen pour faire du haïku un exercice spirituel. Le haïku deviendra cette parole qui a pour fonction de rappeler les vertus du silence et la vanité de toute parole. Le haïku se plait à évoquer la nature et, après Bashô, la règle s’établit de signifier par le biais d’un mot ou d’un indice indirect, l’une des quatre saisons.
Ce chemin, Personne ne le prend Que le couchant d’automne. Bashô, cité par Henri Brunel, Les haïkus, Librio. | Piège à pieuvre Rêves voltigeant Lune d’été Bashô, in Fourmis sans ombre, le livre du haïku, Phébus. |
« Les Japonais apportent, disait Paul Claudel, dans la poésie comme dans l’art une idée très différente de la notre. La nôtre est de tout dire, tout exprimer […] Au Japon, au contraire, sur la page écrite ou dessinée la part la plus importante est toujours laissée au silence » et de fait le haïku apparaît bien comme une césure dans le silence de la page blanche.
3. Le Haïku en France
Le premier recueil de haïkus français, Au fil de l’eau, est réalisé par Paul-Louis Couchoud de retour d’un voyage au Japon et deux de ses amis Albert Poncin et André faure. Mûri au cours d’un voyage en péniche effectué par les trois amis, le recueil circule, sans nom d'auteur dans le Paris de 1905 qui a déjà succombé à la mode des japonaiseries.
Le vieux canal Sous l’ombre monotone S’est vert-de-grisé Au fil de l’eau, Mille et une nuits. | Le pasteur A pris pour bonne Une jolie catholique Au fil de l’eau, Mille et une nuits. |
En 1920 la NRF publie une anthologie du haïku, dans laquelle figurent des poèmes d’Eluard, Caillois…« Onze haïkaï » de Paul Eluard.
Une plume donne au chapeau Un air de légèreté La cheminée fume
Eluard, « 11 », Pour vivre ici, onze haïkaï.
Claudel, ancien ambassadeur au Japon, publie ses réflexions sur la culture japonaise dans L’Oiseau noir dans le soleil levant (1929) mais c’est avec Cent phrases pour un éventail qu’il s’exerce à l’art du haïku et rend hommage au Japon en plaçant son texte en regard d’idéogrammes composés par des artistes japonais. C’est à partir des années soixante-dix que le haïku suscite en France un regain d’intérêt. Si les contraintes formelles initiales sont rarement respectées, la concision de l’expression, une certaine dimension intemporelle, une interpellation ontologique demeurent.
Eugène Guillevic (1907-1997) réfractaire à l’image utilise volontiers une forme condensée du haïku pour interroger les mystères de la nature :
L'eau Dans l'étang Est occupée À garder le temps. Guillevic, Sphères. |
Feuille de lierre dans le courant sait-elle où elle va ? Yvon Le Men, Le chemin de halage. | la nuit ne tombe pas elle descend dans le jour Yvon Le Men, Le loup et la lune. |
L’anthologie récente de Jean Antonnini, les nombreuses associations de poètes amateurs présentes sur le web traduisent l’engouement grandissant pour un genre.
dimanche 23 janvier 2011
La poésie au XIXe
1/ Le romantisme
Les poètes romantiques se regroupent autour de Victor Hugo qui sera le chef de file du mouvement. Ils sont enthousiasmé par la poésie lyrique de Lamartine qu’ils prennent pour modèle. Ils composent des poèmes mélancoliques qui exploitent le thème du mal dusiècle Ils introduisent des thèmes nouveaux : l’exotisme et le rêve .
Les romantiques apportent peu d’innovation dans la forme ; Victor Hugo revendique le triètre , un alexandrin à trois accents.
Lamartine | Les Méditations poétiques | 1820 |
Vigny | Poèmes antiques et modernes | 1826 |
Hugo | Les Orientales Les Rayons et les ombres | 1829 1840 |
Nerval | Odelettes Les Chimères | 1834 1854 |
Musset | Poésies Nouvelles | 1850 |
2/ Le Parnasse
Les Parnassiens refusent les excès du lyrisme et préconisent une poésie impersonnelle . Ils recherchent des formes parfaites, évoquent des paysages lointains ou des scènes historiques.
Gautier | Emaux et Camés. | 1852 |
Leconte de Lisle | Poèmes antiques Poèmes Barbare | 1852 1862 |
Heredia | Les Trophées | 1893 |
3/ Le symbolisme
Les symbolistes, inspirés par Baudelaire recherchent les correspondances entre le monde d’ici-bas et le monde spirituel . Ils refusent le réalisme et le goût des parnassiens pour une poésie formelle.
Le paysage exprime leurs états d’âme et les symbolistes privilégient la musicalité.
Le grand poète symboliste est Mallarmé (Poèmes, 1899) ; Rimbaud, Verlaine et Tristan Corbière se rapprochent du mouvement sans y adhérer.
Verlaine | Poèmes saturniens Fêtes galantes Romances sans parole | 1866 1869 1874 |
Rimbaud | Une Saison en Enfer « Voyelles », « Oraison du soir », « Les Assis », « Les Effarés », « Les Chercheuses de poux », « Le Bateau ivre » seront publiés dans Les Poètes maudits de Velaine | 1873 1884 |
Corbière | Les Amours jaunes | 1873 |
Les symbolistes (Verhaeren en particulier) utilisent le vers libre.
mardi 18 janvier 2011
Le Parnasse (2)

Les Parnassiens privilégient le travail de la forme. Ils remettent à l’honneur les formes fixes, rondeaux et ballades (Banville), sonnet (Heredia).
La réflexion sur le vers revient aux préceptes classiques : « L’art des vers, dans tous les pays, et dans tous les temps, repose sur une seule règle : la Variété dans l’Unité. – Celle-là contient toutes les autres. Il nous faut l’unité, c’est à dire le retour des mêmes combinaisons, parce que, sans elle, le vers ne serait pas un Être, et ne saurait nous intéresser ; il nous faut la Variété, parce que, sans elle, le vers nous berce et endort. » (Banville, Petit Traité de poésie française, 1872)
Le travail fait l’objet d’un véritable culte, il permet de trouver la rime parfaite, le rythme adéquat, le mot juste...
C. L’Espace et le temps
Si le lyrisme s’efface, c’est pour laisser place à une poésie descriptive qui explore les mystères d’une nature indifférente et fatale. Recherchant la « variété dans l’unité », les poètes se tournent volontiers vers l’exotisme pour évoquer toutes les facettes de cette nature que le poète renonce à expliquer et dont le spectacle à lui seul vaut méditation. Les Poèmes Barbares de Leconte de Lisle donnent lieu à de saisissants tableaux qui révèlent les mystères d’une nature immuable et la vanité de l’existence humaine.
Si l’exotisme constitue une source d’inspiration majeure, les Parnassiens explorent volontiers l’histoire et la mythologie. Banville se réfère à l’antiquité gréco-romaine, Heredia, brosse dans ses Trophées, une suite de tableaux qui évoquent toute l’histoire humaine.
Le Parnasse (1)

Dans la mythologie grecque, le Parnasse est la résidence d’Apollon et des neuf muses. C’est en référence à ce lieu sacré, symbole de l’inspiration qu’un groupe de poètes de la seconde moitié du XIXe siècle se baptise du nom de « Parnasse ». Ces poètes qui, rejettent le romantisme, veulent une esthétique moderne fondée sur la perfection formelle et le rejet de l’outrance lyrique.
II. Aux sources du mouvement
Deux poètes servent de modèle à la jeune génération parnassienne : Théodore de Banville qui, dans Les Cariatides (1842), déplace l’inspiration lyrique au cœur de la Grèce antique et surtout Théophile Gautier qui, avec Emaux et Camées (1852), illustre une doctrine de "l’art pour l’art": « Il n’y a vraiment de beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid, car c’est l’expression de quelque besoin, et ceux de l’homme sont ignobles, comme sa pauvre et infirme nature. »
III. Esthétique du Parnasse
Autour de Leconte de Lisle, qui fait figure de chef de file (il reçoit les jeunes parnassiens dans son salon du Boulevard des Invalides), s’élabore peu à peu la doctrine parnassienne.
A. Un lyrisme tempéré
Avec les « Montreurs », le maître condamne le lyrisme en l’assimilant à un spectacle de foire destiné au vulgaire. :
Tel qu'un morne animal, meurtri, plein de poussière,
La chaîne au cou, hurlant au chaud soleil d'été,
Promène qui voudra son cœur ensanglanté
Sur ton pavé cynique, ô plèbe carnassière !
Pour mettre un feu stérile en ton œil hébété,
Pour mendier ton rire ou ta pitié grossière,
Déchire qui voudra la robe de lumière
De la pudeur divine et de la volupté.
Dans mon orgueil muet, dans ma tombe sans gloire,
Dussé-je m'engloutir pour l'éternité noire,
Je ne te vendrai pas mon ivresse et mon mal,
Je ne livrerai pas ma vie à tes huées,
Je ne danserai pas sur ton tréteau banal
Avec tes histrions et tes prostituées.
Leconte de Lisle, « Les Montreurs », Poèmes barbares, 1862.
S’il ne rejette pas de façon absolue le lyrisme, il préconise une esthétique de la pudeur et défend une conception aristocratique de la poésie fondée sur le refus de la facilité et l’exaltation du beau.
ill. portrait de Leconte de Lisle par Jacques Léonard Blanquer
samedi 15 janvier 2011
Le poème en prose (4), la fonction poétique du langage
III. Un langage poétique ?
Comme le poème versifié, le poème en prose développe ce que Jakobson appelle la fonction poétique du langage. Le langage se fait jeu : la figure de style l'éloigne du langage ordinaire. La métaphore transforme le monde : « Aux flancs des rocs qui trempent dans la nuit des précipices leurs chevelures de broussailles… » (Aloysius Bertrand, « L’Heure du Sabbat », Gaspard de la nuit.)
La nature ainsi animée, devient le cadre idéalement inquiétant d’une réunion sabbatique. Et la multiplication des images donne au texte sa densité poétique.
La dimension ludique peut aussi s’affirmer dans les répétitions :
Assez vu. La vision s'est rencontrée à tous les airs.
Assez eu. Rumeurs des villes, le soir, et au soleil, et toujours.
Assez connu. Les arrêts de la vie. — Ô Rumeurs et Visions!
Départ dans l'affection et le bruit neufs! (Rimbaud, « Départ », Illuminations.)
La répétition de l’adverbe « Assez » auquel se trouve accolé un verbe transitif privé de son complément crée une attente qui se trouve partiellement comblée par les phrases qui suivent, variations sur le thème initial.
Le poème peut aussi jouer des contrastes : Sur une route, derrière la grille d'un vaste jardin, au bout duquel apparaissait la blancheur d'un joli château frappé par le soleil, se tenait un enfant beau et frais, habillé de ces vêtements de campagne si pleins de coquetterie.
[…]De l'autre côté de la grille, sur la route, entre les chardons et les orties, il y avait un autre enfant, sale, chétif, fuligineux, un de ces marmots-parias dont un oeil impartial découvrirait la beauté, si, comme l'œil du connaisseur devine une peinture idéale sous un vernis de carrossier, il le nettoyait de la répugnante patine de la misère. (Baudelaire, « Le joujou du pauvre », Le Spleen de Paris.)
Le poème se construit sur l’antithèse pauvreté / richesse que le poète exploite de façon systématique pour aboutir à l'étrange idée d’une pauvreté qui se fait désirer.
Le Poème en prose (3) un poème "ouvert"
Le poème suivant, extrait des Chants de la Balandrane (1977) de René Char, illustre l’autre tendance :
Le sol qui recueille n’est pas seul à se fendre sous les opérations de la pluie et du vent. Ce qui est précipité, quasi silencieux, se tient aux abords du séisme, avec nos sèches paroles d’avant-dire, pénétrantes comme le trident de la nuit dans l’iris du regard.
Si l’unité du texte repose sur un processus analogique qui place en parallèle les manifestations naturelles et choc de la création poétique. Le poème se donne à lire comme une ouverture. A la manière du haïku, il ouvre une brèche dans le réel et suscite l’interrogation.
Le poème en prose (2) un poème hyper structuré

Ce furent ensuite, - ainsi j'ai entendu, ainsi je raconte, - le glas funèbre d'une cloche auquel répondaient les sanglots funèbres d'une cellule, - des cris plaintifs et des rires féroces dont frissonnait chaque fleur le long d'une ramée, - et les prières bourdonnantes des pénitents noirs qui accompagnent un criminel au supplice.
Ce furent enfin, - ainsi s'acheva le rêve, ainsi je raconte, - un moine qui expirait couché dans la cendre des agonisants, - une jeune fille qui se débattait pendue aux branches d'un chêne, - et moi que le bourreau liait échevelé sur les rayons de la roue.
Dom Augustin, le prieur défunt, aura, en habit de cordelier, les honneurs de la chapelle ardente; et Marguerite, que son amant a tuée, sera ensevelie dans sa blanche robe d'innocence, entre quatre cierges de cire.
Mais moi, la barre du bourreau s'était, au premier coup, brisée comme un verre, les torches des pénitents noirs s'étaient éteintes sous des torrents de pluie, la foule s'était écoulée avec les ruisseaux débordés et rapides, - et je poursuivais d'autres songes vers le réveil.
Aloysius Bertrand, « Un rêve », Gaspard de la nuit.
Le poème de Bertrand est divisé en strophes qui sont autant d’unités de sens. Les trois premières strophes ont un même thème : des décors sont évoqués par le biais d’un sens privilégié dans les strophes 1 et 2 (la vue puis l’ouie). La troisième strophe est centrée sur le thème de l’agonie, trois agonies se déroulent simultanément dans les lieux esquissés précédemment.
La strophe obéit à un autre principe structurant : l’anaphore : « ce furent », « ainsi je… ainsi je…».
Les strophes 3 et 4, quant à elles, reprennent en les dénouant les thèmes exposés au début du poème. Elles se distinguent par des des changement dans l'énonciation (passage des temps du passé au futur) qui orientent le récit vers son dénouement.
L’organisation du poème repose donc sur une opposition entre simultanéité (strophes 1 à 3) et chronologie (strophes 4 et 5) mais aussi entre l'indétermination et la singularité : par ce mouvement, le texte permet une identification progressive des personnages de la scène et de leur devenir.
Le poème en prose (1)

I. Définition
Jusqu’au XIXe siècle l’idée qu’un poème puisse s’écrire en prose eût semblé une absurdité, tant l’idée même de poésie était liée à la fabrique du vers. Quoiqu’il en soit le poème en prose existe et pose la question de la poésie et de sa spécificité. Certains critères s’imposent d’emblée pour le définir , le poème en prose se présente comme un texte bref et autonome, intense par sa polysémie ou l’utilisation ludique et esthétique qu’il fait du langage.
II. Brièveté, autonomie
Les premiers recueils de poèmes en prose se présentent effectivement comme une succession de textes brefs clos sur eux-mêmes. Les proses du Gaspard de la nuit d’Aloysius Bertrand (1852) se reconnaissent aisément en ce qu’elles tiennent sur une page et se structurent en brefs paragraphes qui suggèrent autant d’unités.
Le Spleen de Paris de Baudelaire (poèmes rédigés entre 1855 et 1864) pose déjà plus de problèmes, certains textes atteignent les dimensions d’une nouvelle et s’en rapprochent également par leur sujet (« Le joueur généreux », par exemple). Dans la lettre à Arsène Houssaye où Baudelaire définit ce qu'il a voulu faire, il écrit : « Hachez-la en de nombreux fragments et vous verrez que chacun peut exister à part ». Preuve que le texte est bien autonome.
Suzanne Bernard distinguera deux grandes tendances dans l’élaboration du poème en prose. Soit le poème est hyper structuré, hyper travaillé, soit il est composé de façon un peu imprévisible en toute liberté.
On comparera rapidement deux textes, révélateurs de ces deux modes d’existence :
dimanche 9 janvier 2011
Hammett ou quand le roman policier devient littéraire...


jeudi 6 janvier 2011
La Poésie romantique

IV. Les poètes romantiques
Les premières manifestations du romantisme en tant que mouvement littéraire sont la constitution, en 1820, d’un salon littéraire le Cénacle. Le premier cénacle regroupe Nodier, Hugo, Vigny, Saint-Beuve, Dumas. Les jeunes romantiques célèbrent Les Méditations poétiques de Lamartine comme un texte phare.
Si la poésie de Lamartine (1790-1878) peut être considérée comme l’une première manifestation du romantisme, elle n’en reste pas moins classique dans sa forme. Les Méditations poétiques, reçoivent en 1820, un succès inattendu qui est due à son lyrisme nouveau.
Un peu en marge du mouvement, malgré l’amitié qui la lie à Victor Hugo, Marceline Desbordes Valmore (1786-1859) connaîtra un succès grandissant. Son premier recueil, Elégies et romances (1819). Inspirée par une vie errante et difficile, la poésie de Marceline Desbordes Valmore est une poésie mélancolique et innovante, elle utilise, bien avant Verlaine le mètre impair.
L’œuvre de Victor Hugo (1802-1885) dépasse le cadre du romantisme. Ses premiers recueils,Odes et ballades (1828) et les Orientales (1829) traduisent l’enthousiasme romantique pour de nouvelles sources d’inspiration, Hugo se tourne vers le Moyen Âge ou l’Orient. Avec les Feuilles d’automne (1831) puis Les Rayons et les Ombres (1841), l’écriture se fait plus lyrique. Victor Hugo publie en 1856, son chef d’œuvre, Les Contemplations. Le recueil naît du besoin d’évoquer le terrible drame de 1843, la noyade accidentelle de sa fille Léopoldine.
Musset (1810-1857), jeune auteur prodige rejoint le cénacle à l’âge de 18 ans, ses Contes d’Espagne et d’Italie lui assurent le succès. Avec les Nuits (1838-1837) il fait entendre une poésie plus personnelle et magnifie la souffrance l’élevant au rang de principe esthétique : "Les plus désespérés sont les chants les plus beaux" (Musset, Nuit de mai)
L’œuvre de Nerval (1808-1855) est sans doute l’une des plus abouties du romantisme. Les Chimères (1854) sont un recueil de sonnets parfois hermétiques dont la langue parfaitement ciselée et les références alchimiques annoncent le symbolisme :
Je suis le ténébreux, - le veuf, - l’inconsolé, Le prince d’Aquitaine à la tour abolie :
Nerval, « El Desdichado », Les Chimères.
Phot. Nerval par Nadar.
mardi 4 janvier 2011
La Poésie romantique

I. Définition
L’adjectif romantique apparaît en Allemagne et en Angleterre à la fin du XVIIIe siècle, et désigne une littérature de la sensibilité. Il s'agit d'une littérature qui se veut différente du classicisme, rejetant l'inspiration antique et les règles de régularité ou d'équilibre.
II. Les précurseurs
Le romantisme s’affirme finalement assez tardivement en France, il s'épanouit d'abord en Allemagne (Goethe, le "Sturm un Drang") et en Angleterre (Mc Pherson, Byron).
Certains écrivains français annoncent cette sensibilité : Rousseau et Bernardin de Saint-Pierre, avec des romans marqués par le sentimentalisme connaissent un succès retentissant.
Chateaubriand (René, 1802) et Senancour (Obermann, 1804) engagent
III. Une révolution poétique ?
A. Une poésie entre tradition et modernité
Victor Hugo a fait de l’alexandrin ternaire son cheval de bataille mais le trimètre s’affirme plus comme l’emblème de la liberté que comme une véritable possibilité nouvelle. Les poètes utilisent désormais beaucoup plus volontiers l’enjambement que prohibait la doctrine classique mais s’en tiennent aux formes traditionnelles (Ode, sonnet, ballade…).
B. Des sources d’inspiration nouvelles
La véritable révolution romantique s’effectue dans la liberté que le poète s’octroie pour non plus imiter mais inventer.
Le Moi devient un sujet d’exploration privilégié et le lyrisme s’affirme comme le registre dominant de la première génération romantique. Dans les Méditations poétiques (1820) Lamartine évoque des thèmes qui seront ceux de toute une génération : l’homme, inadapté à son siècle, cherche refuge dans la nature qui lui rappelle la fragilité de son existence et l’irréversible marche du temps.
Je suis d’un pas rêveur le sentier solitaire ; J’aime à revoir encor pour la dernière fois, Ce soleil palissant dont la faible lumière Perce à peine à mes pieds l’obscurité des bois.
Lamartine, « L’Automne », Méditations poétiques.
Le romantisme ne dédaigne pas le pittoresque. Hugo dans les Orientales ressuscite l’univers des Mille et une nuits, Musset dans ses Premières poésies évoque avec légèreté l’Espagne et l’Italie.
Nerval et Aloysius Bertrand explorent les univers du rêve et de la métempsycose.
Le romantisme français n’est pas pour autant déconnecté de son temps et le poète sait s’engager, Victor Hugo prend part aux luttes politiques et sociales de son époque, il se battra contre la tyrannie d’un Napoléon III ou la peine de mort.
Illustrations aquarelle d'E. Lami, illustrant la Nuit de maid'Alfred de Musset La nuit de Mai
Exemple d'abécédaire réalisé à partir des "Fleurs du Mal" de Baudelaire
Beauté : La beauté est le centre des réflexions de Baudelaire . Il pense que le « beau est toujours bizarre » et se propose avec ce recueil...

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L'analyse linéaire a été rédigée pour faciliter la lecture, en temps limité, on se contente de la présenter au brouillon son forme de no...
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Pour l'oral du bac, choix entre : Shakespeare, Beaucoup de bruit pour rien , in Le Marchand de Venise et autres pièces GF ; Beaumarch...
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I. Définitions Le rythme du vers français est déterminé par la place des accents et des coupes au sein du vers. En français, l’accent se ...