mardi 21 décembre 2010

Joyeux Noël !


On dit qu’à Noël, dans les étables, à minuit,
l’âne et le bœuf, dans l’ombre pieuse, causent.
Je le crois. Pourquoi pas ? Alors, la nuit grésille :
les étoiles font un reposoir et sont des roses.

L’âne et le bœuf ont ce secret pendant l’année.
On ne s’en douterait pas. Mais, moi, je sais qu’ils ont
un grand mystère sous leurs humbles fronts.
Leurs yeux et les miens savent très bien se parler.

Ils sont les amis des grandes prairies luisantes
où des lins minces, aux fleurs en ciel bleu, tremblent
auprès des marguerites pour qui c’est dimanche
tous les jours puisqu’elles ont des robes blanches.

Ils sont les amis des grillons aux grosses têtes
qui chantent une sorte de petite messe
délicieuse dont les boutons d’or sont les clochettes
et les fleurs des trèfles les admirables cierges.

L’âne et le bœuf ne disent rien de tout cela
parce qu’ils ont une grande simplicité
et qu’ils savent bien que toutes les vérités
ne sont pas bonnes à dire. Bien loin de là.

Mais moi, lorsque l’Été, les piquantes abeilles
volent comme de petits morceaux de soleil,
je plains le petit âne et je veux qu’on lui mette
de petits pantalons en étoffe grossière.

Francis Jammes, De l'Angélus de l'aube à l'angélus du soir, 1897.

Ill. Nativité par Le Tintoret (env. 1550), Musée de Boston.

mercredi 15 décembre 2010

Les plaintes de Gilgamesh


Les plaintes de Gilgamesh constituent dans l'épopée un grand moment de poésie, sans doute l'un des premiers moments lyriques de l'histoire humaine.

« Qu’ils te pleurent, les chemins que tu as parcourus pour gagner la Forêt des cèdres. Que leurs plaintes emplissent le jour et la nuit.
« Qu’ils te pleurent, les anciens de la cité d’Uruk, eux qui avaient béni notre périple.
«Qu’elles te pleurent, les eaux pures des montagnes que nous avons gravies tant et tant de fois.
«Qu’elles te pleurent, les campagnes, qu’elles déchirent l’air de leurs cris, comme le ferait une mère.
«Qu’elles te pleurent, les forêts, que cèdres et cyprès gémissent au vent.
« Qu’ils te pleurent, les animaux des steppes et des forêts, ours, hyènes, panthères, tigres, cerfs, daims, bouquetins et tous ceux de ta harde.
« Qu’ils te pleurent, les jeunes gens d’Uruk qui nous ont vus tuer le Taureau céleste.

Le récit de Gilgamesh, « Classiques abrégés », l’école des loisirs, 2010.


ill. : le combat de Gilgamesh et d'Enkidu, palais d'Asurbanipal.

lundi 6 décembre 2010

L'apposition

1/ Définition

L'apposition est une fonction grammaticale, elle fait partie des expansions du nom. Elle présente la particularité de reprendre, du point de vue du sens, le mot déterminé.

Je viens de rentrer après une visite à mon propriétaire, l’unique voisin dont j’ai à m’inquiéter.
(Première phrase des Hauts de Hurlevent, d'Emily Brontë)

On considérera que "l'unique voisin..." est apposé à "mon propriétaire".

2/ Construction

L'apposition peut se construire comme le complément du nom : le nom apposé est introduit par une préposition et fait suite au nom déterminé.

La ville d'Exeter - La profession d'avocat

L'apposition se construit, sans quoi, par simple juxtaposition, le nom apposé est détaché du nom (ou du pronom) qu'il détermine par une virgule.

– C’est la fille de mon défunt maître, monsieur, Catherine Linton...

L'apposition ne suit pas nécessairement immédiatement le mot qu'elle détermine

Ces inscriptions, d’ailleurs, répétaient toutes le même nom en toutes sortes de caractères, grands et petits, Catherine Earnshaw, çà et là changé en Catherine Heathcliff, puis encore en Catherine Linton.

mercredi 1 décembre 2010

Keats poète romantique

Keats n'est pas seulement le héros du film de Jane Campion Bright Star, il est aussi l'un des plus grands poètes romantiques anglais. L'Ode au rossignol est une très belle méditation sur le temps et l'éternité, elle est aussi l'un de ses poèmes les plus connus.

[...] Dans le noir, j’écoute ; oui, plus d’une fois
J’ai été presque amoureux de la Mort,
Et dans mes poèmes je lui ai donné de doux noms,
Pour qu’elle emporte dans l’air mon souffle apaisé ;
à présent, plus que jamais, mourir semble une joie,
Oh, cesser d’être - sans souffrir - à Minuit,
Au moment où tu répands ton âme
Dans la même extase
Et tu continuerais à chanter à mes oreilles vaines
Ton haut Requiem à ma poussière.

Immortel rossignol, tu n’es pas un être pour la mort !
Les générations avides n’ont pas foulé ton souvenir ;
La voix que j’entends dans la nuit fugace
Fut entendue de tout temps par l’empereur et le rustre :
Le même chant peut-être s’était frayé un chemin
Jusqu’au cœur triste de Ruth, exilée,
Languissante, en larmes au pays étranger ;
Le même chant a souvent ouvert,
Par magie, une fenêtre sur l’écume
De mers périlleuses, au pays perdu des Fées.

Perdu, ce mot sonne un glas
Qui m’arrache de toi et me rend à la solitude !
Adieu ! L’imagination ne peut nous tromper
Complètement, comme on le dit - ô elfe subtil !
Adieu ! Adieu ! Ta plaintive mélodie s’enfuit,
Traverse les prés voisins, franchit le calme ruisseau,
Remonte le flanc de la colline et s'enterre
Dans les clairières du vallon :
était-ce une illusion, un songe éveillé ?
La musique a disparu : ai-je dormi, suis-je réveillé ?

Trois dernières strophes de l' "Ode au rossignol" in Les Odes, trad. Alain Suied, Éditions Arfuyen


John Keats sur le site "Esprits nomades" http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/keats.html

Ill. Le keats de Jane Champion, interprété par Ben Whishaw dans Bright Star

lundi 29 novembre 2010

Une nouvelle traduction de Moby Dick

"L'histoire du capitaine Achab peut se lire comme la passion funeste d'un personnage fou de douleur et de solitude. Mais elle peut aussi se méditer comme l'un des mythes les plus bouleversants qu'on ait imaginé sur le combat de l'homme contre le mal et sur l'irrésistible logique qui finit par dresser l'homme juste contre la Création, et le Créateur Lui-même, puis contre ses semblables et lui même. " C'est par ce jugement de Camus que l'Ecole des loisirs choisit de présenter Moby Dick dans une nouvelle traduction abrégée par Marie-Hélène Sabard.
Moby Dick fait partie de ses phares de la littérature mondiale qu'on hésite à mettre entre les mains des élèves. Et pourtant, quelle force dans cette histoire, quel génie visionnaire que ce Melville! Pas étonnant que l'auteur de La Peste y fût sensible : toutes ses interrogations sur la condition humaine, tout le souffle épique qu'il aurait voulu mettre dans La Peste sont justement là, dans Moby Dick. Dans cette folie du capitaine Achab qui fait passer son besoin de vengeance avant toute chose. Quant à Ismaël qui choisit d'être le narrateur de l'histoire et de commencer sur le fameux "Call me Ishmael!", il en est réduit au rôle de témoins, ce que la relecture m'a remis en mémoire. Il est l'homme, l'homme ordinaire qui assiste impuissant au combat que se livrent les démons de son âme. Il paraîtrait qu'Ismael signifierait "Dieu entend" ou "Dieu entendra"

vendredi 26 novembre 2010

Jane Eyre dans l'histoire littéraire

/ Le roman gothique
a/ Caractéristiques
Le roman gothique, né à la fin du XVIIIe siècle repose sur quelques «recettes»:
- Un décor de château médiéval ou d’abbaye en ruine (d’où l’appellation de « gothique »), ce décor qui autorise passages secrets, portes dérobés, trappes et souterrains.
- Des phénomènes surnaturels destinés à susciter la terreur, ces phénomènes surnaturels reçoivent généralement une explication rationnelle à la fin du roman.
- Une héroïne pure et innocente persécutée par un être maléfique (c’est généralement lui qui est à l’origine des phénomènes surnaturels qui ont terrifié l’héroïne)
b/ Oeuvres
On retiendra, comme œuvres emblématiques
- Le Château d’Otrante d’Horace Walpole qui, en 1764, apparaît comme un précurseur.
- Les Mystères d’Udolphe d’Ann Raddcliffe rencontrent, en 1794, un succès considérable.
- Le Moine de Lewis (1796) est sans doute la plus grande réussite du genre.

2/ Le romantisme
a. Le romantisme est un mouvement culturel et littéraire qui a une dimension européenne Il se caractérise par
- le rejet de la pensée rationnelle qui s’était imposée avec les Lumières,
- le refus des principes du classicisme qui préconisait l’ordre et l’équilibre dans la composition de l’œuvre d’art.
b. Le romantisme anglais est marqué par ses préoccupations sociales et son engagement au service des causes politiques (Byron et Shelley) mais aussi par l’absence de manifestes[1] et donc de chef de file d’une sensibilité que d’un véritable mouvement.
c. Les thèmes du romantisme sont en Angleterre, ceux qu’ils sont partout ailleurs en Europe : la prédilection pour l’évocation du passé (romans historiques de Walter Scott), le goût pour le fantastique et, le lyrisme en poésie qui célèbre la communion de l’homme avec la nature.

Thèmes romantiques

Œuvres

Auteurs

Passé national

Les poèmes d’Ossian

James Macpherson

Surnaturel

Frankenstein (1818)

Mary Shelley

Sentiment de la nature

Odes (1820)

Keats

d. Le héros romantique est un héros souvent partagé, à la fois mélancolique et fougueux il peut parfois faire preuve d’hybris[2] (Frankenstein de Mary Shelley), il ne se satisfait pas des limites de son univers quotidien et cherche dans l’amour la révolte ou les expériences mystique un son insatisfaction.

III. Charlotte Brontë:
- Les paysages qui ont marqué l’enfance : Haworth, le pensionnat de Cowan Bridge .
- Les deuils de l’enfance : mère, soeurs .
- Le goût précoce pour l’écriture
- Les séjours à Bruxelles et la passion de Charlotte pour Constantin Heger
- L’insuccès de la tentative pour ouvrir une école .
- La date de 1847 qui voit la parution simultanée des romans d’Anne et d’Emily (Les Hauts de Hurlevent) puis celle de Jane Eyre.
- La mort précoce des frère et sœurs.
- La relative modestie de l’œuvre (trois romans publiés de son vivant) : Jane Eyre, Shirley et Villette .

[1] déclaration écrite et publique par laquelle un gouvernement, un homme, un parti ou un courant artistique expose un programme d'action

[2] une notion grecque que l'on peut traduire par « démesure ». C'est un sentiment violent inspiré par la passion et l’orgueil.

mardi 16 novembre 2010

Jane Eyre dans l'histoire littéraire

1. Le roman gothique
a. À partir d’au moins deux sources distinctes (site, encyclopédie, dictionnaire), établissez les caractéristiques du roman noir anglais de la fin du XVIIIe siècle, appelé aussi parfois roman « gothique ».
b. D’après vos sources, quels sont les auteurs et les oeuvres les plus marquants de la période « gothique » ?
2. Le romantisme
a. Quels sont les thèmes communs aux différentes manifestations du romantisme en Europe ? Qu’est-ce qui fait la singularité du romantisme anglais ?
b. Quels sont les grands thèmes romantiques ?
c. Complétez le tableau ci-dessous (les oeuvres et les auteurs doivent être anglais).
Thèmes romantiques

Oeuvres

Auteurs

Passé médiéval



Surnaturel



Sentiment de la nature



d. Quelles sont les caractéristiques du héros romantique ? (Consultez, entre autres, le XIXe, coll "itinéraires littéraires", Hatier)

Pour les questions 1 et 2, l'encyclopédie Encarta vous fournira des réponses que vous pourrez recouper avec des article de Wikipedia ou d'autres sources internet.

3. Charlotte Brontë : À partir des repères biographiques fournis, pages 233-236, que vous compléterez par la consultation d’une encyclopédie, réalisez une fiche biographique sur l’auteur du roman.

Répondez à ces questions pour élaborer une fiche récapitulative qui vous permettra de vous représenter clairement : le roman gothique et le romantisme anglais.

Une synthèse sera mise en ligne quand je me serai assuré que tout le monde a effectué la recherche.

jeudi 4 novembre 2010

Le fantastique, un genre à part

1/ Petite histoire

Contrairement a une idée reçue qui fait du fantastique un genre anglo-saxon le fantastique est né en France, au XVIIIe siècle.
La première oeuvre véritablement fantastique est due à Jacques Cazotte, il s'agit d'un court roman, le Diable amoureux, dans lequel l'auteur imagine qu'un jeune homme téméraire, Alvare n'hésite pas à invoquer et à faire surgir le diable. Ce dernier finit par prendre la forme d'une jeune femme, Biondetta, qui poursuit le héros de ses assiduités. Pour ceux qui voudraient lire cette histoire, elle est téléchargeable sur :
Un autre français d'origine polonaise, Jean Potocki, publie l'un des chefs-d'oeuvre du genre, La duchesse d'Avila, en 1804, roman complexe plutôt destiné au lycéen.
C'est Hoffmann dont les contes seront traduits en 1830 qui lance la mode du conte fantastique, ses histoires connaissent un succès énorme et vont enthousiasmer toute la génération romantique.
La plupart des grands romanciers du XIXe siècle s'y adonnent : Théophile Gautier avec la Morte amoureuse (l'une des premières histoires de vampirisme écrite en France), Balzac avec un roman étrange, la Peau de Chagrin, Dumas avec une série de contes, dont l'un des plus intéressants, la Dame pâle, a été récemment réédité en folio, Mérimée avec la Venus d'Ille (généralement appréciée des professeurs de français - je préfère en ce qui me concerne Lokis, sur le thème de la métamorphose) et bien sûr Maupassant dont les nouvelles sont d'impeccables mécaniques à générer l'angoisse (La Peur, Apparition...) - le site consacré à Maupassant est le suivant : http://maupassant.free.fr/, vous y trouverez tous ses contes fantastiques.
Il faut bien avouer qu'à la fin du XIXe siècle, le fantastique devient anglo saxon, Baudelaire traduit les magnifiques contes d'Edgar Poe (Le Masque de la mort rouge est quelque part sur ce blog), Bram Stoker rédige le chef-d'oeuvre du genre, Dracula, vampire autrement plus efficace qu'Edward Cucu (celui de Mrs Meyer), Oscar Wilde renouvelle le thème du pacte infernal avec Le Portrait de Dorian Gray et Henri James publie une magistrale histoire de fantôme, Le Tour d'écrou.

2/ Définition

Pour qu'il y ait fantastique, il faut un univers réaliste. Ce qui explique pourquoi le fantastique réussit à faire peur, là où le merveilleux échoue. Le Dracula de Bram, se promène et étanche sa fringale d'hémoglobine dans NOTRE monde. La méchante belle-mère de Blanche-Neige nous concerne beaucoup moins parce qu'elle appartient à un autre univers, celui d' "il était une fois..."

Il faut ensuite un événement surnaturel qui étonne, scandalise ou terrifie les personnages: quand les héros de Dracula prennent conscience des étranges et terrifiants pouvoirs du comte, ils ont évidemment beaucoup de mal à s'en remettre alors qu'Alice s'accommode très bien de prendre le thé avec un lièvre parlant!
Il faut enfin que le lecteur puis hésiter entre deux solutions : réels, les fantômes de Maupassant ou illusions d'une conscience dérangée?

Ces trois conditions réunies, nous aurons indubitablement affaire à un récit fantastique.

lundi 1 novembre 2010

Chronologie d'Hoffmann

1776: Naissance d’Ernst Theodor Wilhelm Hoffmann à Königsberg (aujourd’hui Kaliningrad) en Prusse.
1778: Séparation des parents, le petit Ernst Theodor suit sa mère qui retourne vivre dans sa famille, chez les grands-parents Dörffer. Son éducation est prise en charge par l’oncle Otto-Wilhelm que l’enfant déteste.
1786: Rencontre, au collège, de Theodor Hippel, solide éducation littéraire et musicale.
1793: Hoffmann est étudiant en droit à l’université de Königsberg.
1794: Premières compositions musicales. Mort de sa mère
1796: Le masque, qui ne trouvera ni éditeur ni metteur en scène. Hoffmann réussit l’examen d’assesseur.
1800-1802: Nommé à Posen en Silésie, ville polonaise , mariage avec Michaëlina Rohrer. Vie de dissipation dans les tavernes de la ville.Hoffmann diffuse des caricatures du commandant de la garnison de Posen, il est muté à Plock, au fin fond de la Pologne.
1804-1806: Nommé à Varsovie. Naissance d’une petite fille, Cécile. L’invasion française fait perdre à Hoffmann son emploi.
1807: Année d’errance et de privation à Berlin, la petite Cécile décède.
1808-1813: Directeur musical du théâtre de Bamberg. Hoffmann tombe amoureux de Julia Marc mais la jeune femme, obéissant à ses parents, se marie à un marchand berlinois. Hoffmann entame la rédaction de ses contes, se fait de nouveaux amis : le marchand de vin, Kunz, qui va devenir son éditeur et le docteur Marcus qui l’initie aux théories du magnétisme de Messmer.
1814: Hoffmann, grâce à Hippel, obtient un poste de conseiller à la cour de Berlin. Il rencontre les écrivains romantiques de son temps (Chamisso, Arnim, La Motte-Fouquet) et fondera, avec ces derniers, la joyeuse confrérie des « frères Saint-Sérapion. Publication du recueil, Fantaisies à la manière de jacques Callot.
1815:Parution des Elixirs du diable, roman gothique.
1816: Son opéra, Ondine, inspiré du conte de La Motte-Fouqué, inspiré du conte de La Motte-Fouqué, est joué au théâtre de Berlin qui brûle quelques semaines après les premières représentations.Rédaction avec Contessa et La Motte-Fouqué des Kinder Märchen (Contes pour enfants) parmi lesquels figure Casse-Noisette et qui obtiendra un véritable succès.
1817:Publication des Contes nocturnes, parmi lesquels "L’Homme au sable"et le "Violon de Crémone"
1818-1822:Hoffmann rassemble l’ensemble de ses contes sous le titre des Frères Sérapion. Il entame la rédaction du Chat Murr en 1819.
1822: Pour s’être attaqué au chef de la police, Kamptz dont il juge les méthodes brutales et indignes, Hoffmann est démis de ses fonctions de magistrats. Gravement malade, il succombe aux atteintes de la syphilis en juin. Son dernier conte, La Guérison, parait quelques jours après sa mort.

jeudi 28 octobre 2010

Le Vent d'Emile Verhaeren


Un poème automnal, lisez-le à voix haute et vous entendrez la plainte et la fougue du vent. Verhaeren est un poète belge, de la fin de XIXe, il est l'un des premiers à utiliser de façon systématique le vers libre et sa poésie est généralement très musicale.

Sur la bruyère longue infiniment,
Voici le vent cornant Novembre ;
Sur la bruyère, infiniment,
Voici le vent
Qui se déchire et se démembre,
En souffles lourds, battant les bourgs ;
Voici le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Aux puits des fermes,
Les seaux de fer et les poulies
Grincent ;
Aux citernes des fermes.
Les seaux et les poulies
Grincent et crient
Toute la mort, dans leurs mélancolies.

Le vent rafle, le long de l'eau,
Les feuilles mortes des bouleaux,
Le vent sauvage de Novembre ;
Le vent mord, dans les branches,
Des nids d'oiseaux ;
Le vent râpe du fer
Et peigne, au loin, les avalanches,
Rageusement du vieil hiver,
Rageusement, le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Dans les étables lamentables,
Les lucarnes rapiécées
Ballottent leurs loques falotes
De vitres et de papier.
- Le vent sauvage de Novembre ! -
Sur sa butte de gazon bistre,
De bas en haut, à travers airs,
De haut en bas, à coups d'éclairs,
Le moulin noir fauche, sinistre,
Le moulin noir fauche le vent,
Le vent,
Le vent sauvage de Novembre.

Verhaeren, Les Villages illusoires, 1895.

Ill. A. Rackham, Fallen Leaf.

Louisa May Alcott

Louisa May Alcott est, pour le grand public, l'auteure d'un seul livre, Les quatre filles du docteur March, traduction assez improbable de Little women (1868). Ce livre a eu un tel succès qu'il a éclipsé le reste de l'oeuvre que la critique redécouvre pourtant de façon progressive. Dans les trente premières années qui ont suivi sa parution, il s'est vendu plus d'un million sept cent mille exemplaires de Little women ce qui, pour l'époque est considérable.
Devant l'ampleur du succès, Louisa, encouragée par son éditeurs dû donner des sequels (suites) à l'ouvrage :
Les filles du docteur March se marient (Little Women, part II), Le Rêve de Jo March (Little Men), La grande famille de Jo March (Jo’s boys).
Ce qu'il faut bien comprendre c'est que Little women est un ouvrage autobiographique et le personnage de Jo, cette jeune femme énergique, un peu garçon manqué, seconde d'une fratrie de quatre filles est évidemment le double littéraire de Louisa.
On la voit, dans le roman souhaiter un jour devenir écrivain et pouvoir ainsi pourvoir aux besoins de sa famille.
Il faut dire que comme dans le roman la famille Alcott dut souffrir d'une forme de déclassement social. Le révérend Bronson Alcott, père de Louisa ayant vu sa fortune disparaître suite aux malversations financières d'un ami.
Louisa comprend donc que l'une des seules voies qui s'offrent à elle, c'est l'écriture et elle se met à rédiger des Potboilers, des romans mélodramatiques. Les éditeurs français en ont exhumé quelques uns : Derrière le masque et Secrets de famille sont édités Chez Joelle Losfeld.
L'oeuvre de Louisa May Alcott a donc deux versants bien distincts : les romans pour la jeunesse qui cultivent les bons sentiments et exaltent les valeurs familiales et les mélodrames tortueux pleins de complots, de traîtres et de coups de théâtre.

mercredi 13 octobre 2010

Un rêve d'Aloysius Bertrand

Aloysius Bertrand (Louis Bertrand de son vrai nom, 1807-1841) est l'inventeur du poème en prose. S'il n'a connu aucun succès de son vivant. Les plus grands poètes ont, par la suite manifesté leur admiration pour son oeuvre (Baudelaire, André Breton). Dans la partie centrale de son recueil de poèmes, Gaspard de la nuit, ("La Nuit et ses prestiges") il évoque des scènes de rêves et de magie, autant d'hallucinations auxquelles son génie donne une vie intense.

Il était nuit. Ce furent d'abord, – ainsi j'ai vu, ainsi je raconte, – une abbaye aux murailles lézardées par la lune, une forêt percée de sentiers tortueux, – et le Morimont* grouillant de capes et de chapeaux.

Ce furent ensuite, – ainsi j'ai entendu, ainsi je raconte, – le glas funèbre d'une cloche auquel répondaient les sanglots funèbres d'une cellule, – des cris plaintifs et des rires féroces dont frissonnait chaque feuille le long d'une ramée, – et les prières bourdonnantes des pénitents noirs qui accompagnaient un criminel au supplice.

Ce furent enfin, – ainsi s'acheva le rêve, ainsi je raconte, – un moine qui expirait couché dans la cendre des agonisants, – une jeune fille qui se débattait pendue aux branches d'un chêne, – et moi que le bourreau liait échevelé sur les rayons de la roue.

Dom Augustin, le prieur défunt, aura, en habit de cordelier, les honneurs de la chapelle ardente; et Marguerite, que son amant a tuée, sera ensevelie dans sa blanche robe d'innocence, entre quatre cierges de cire.

Mais moi, la barre du bourreau s'était, au premier coup, brisée comme un verre, les torches des pénitents noirs s'étaient éteintes sous des torrents de pluie, la foule s'était écoulée avec les ruisseaux débordés et rapides, – et je poursuivais d'autres songes vers le réveil.

Aloysius Bertrand, Gaspard de la nuit, 1842.

* La place des éxécutions à Dijon, ville natale du poète.


Ill. Fitzgerald, Le Rêve de l'artiste.

lundi 11 octobre 2010

A propos des conjonctions et des prépositions

Certes conjonctions et prépositions sont des mots invariables, certes on a l'habitude d'apprendre bêtement leurs listes, sans s'interroger davantage.
Vous pouvez quand même remarquer que ces mots ne remplissent pas les mêmes fonctions :

- les conjonctions (mais, ou, et, donc, or, ni, car, en ce qui concerne la coordination) relient des mots, des groupes ou des propositions de mêmes fonctions :les souris grignotèrent/ et crevèrent. (Florian) : la conjonction "et" relie deux verbes

Dans ce titre de magazine, exp. : Kristen Stewart, une jeune fille timide et qui manque de confiance en elle, la conjonction "et" relie deux expansions du nom, deux éléments de même fonction.

- les prépositions (à, dans, par, pour, en, vers, avec, de, sans, sous, chez, sur, avant...) quant à elles, ont aussi une fonction de lien mais elles relient des mots ou des groupes de fonctions différentes :
Au milieu de l'hiver, j'ai découvert en moi un invincible été
. (Camus)
"de" relie le CdN l'hiver au nom qu'il détermine et "en" le pronom "moi" (CC) au verbe qu'il complète. Le rapport est, la plupart du temps, un rapport de complémentation.

Ill. : Conjonction Vénus / Mercure

lundi 27 septembre 2010

Crimes et jeans slim de Luc Blanvillain

Le problème du roman policier pour la jeunesse, c'est qu'il est souvent plus policé que criminel, l'auteur évite, la plupart du temps, le crime horrible pour faire porter l'attention de son lecteur sur le (les) enquêteur(s). Rien de tel ici, Luc Blanvillain met en scène un véritable sérial killer qui s'attaque aux filles branchées d'un lycée. Notre tueur est méthodique et soigneux, une balle dans le front et l'affaire est réglée. Ses victimes? Les "pétasses", une bande de filles qui vénèrent l'idéal de la marque, excluent férocement tous ceux qui ne leur ressemblent pas et dénient toute espèce d'intérêt pour les cours du lycée, sauf lorsqu'il sont dispensé par le jeune et séduisant prof de gym., Anthony.
Adélaïde (Adé pour la bande) a vite compris que pour survivre au lycée elle devrait s'intégrer à la bande des "pouffes" (comme elle se surnomment elles mêmes) formée de Mélanie, Pauline et Emma. Elle mène donc une double vie: elle est, chez ses parents, la sage Adélaïde qui cultive son goût pour la musique et la littérature mais elle devient, dans la journée Adé, la plus branché des "pouffes" en jeans slim et tenues provocante. Mauvais calcul, surtout quand le tueur après avoir assassiné la première d'entre elles inonde la ville de tacts promettant de débarrasser le lycée des jeunes filles dépravées.
Adé pourra toutefois compter sur son frère que passionne la vie des éléphants et sur Thibault, un "intello", non dénué de charme et qui ne se laisse pas trompé par les apparences.
Le roman est drôle, malin mais un peu trop manichéen, l'auteur semble prendre un plaisir non dissimulé à exécuter ses "pouffes" et son coupable, quand on a saisi son système de valeur n'a hélas rien d'étonnant. La caricature des lycées est malgré tout amusante et le récit vous emporte tant pas son rythme haletant, que par la qualité de ses dialogues qui dessinent des personnages bien campés.

Luc Blanvillain, Crimes et jeans slim, quespire éditeur, 2010. (nouveauté cdi)

Voir aussi la chronique de notre libraire préférée :
http://www.initiales.org/Crimes-et-jeans-slims.html

Niveau : 4e-3e

dimanche 5 septembre 2010

Marguerite Yourcenar

Ce n'est pas seulement parce qu'elle fut la première femme élue à l'académie française que Marguerite Yourcenar (1903-1987, de Crayencour, de son vrai nom) occupe une place de premier plan dans la littérature française, c'est avant tout parce qu'elle laisse une oeuvre variée, éclectique rédigée dans une langue somptueuse.
Orpheline de mère pratiquement dès sa naissance, la jeune Marguerite est élevée par sa grand-mère et par son père qui l'emmène dans ses voyages (Angleterre, Suisse, Italie...). Ce père pour qui elle a une grande admiration décède en 1929. Elle entreprend alors elle même une série de voyages qui ne resteront pas sans écho dans son oeuvre future, ses terres de prédilections étant la Grèce, l'Italie, les Etats-Unis et le Japon.
Les Nouvelles orientales d'où provient le "dernier amour du Prince Genghi" sont publiées en 1938, Marguerite Yourcenar a déjà publié plusieurs romans et traduit Virginia Woolf. Ces nouvelles envisagent l'Orient dans une acception très large puisque l'Orient de M. Yourcenar est un peu celui des romantiques qui englobait le pourtour méditerranéen. Son intérêt pour le Japon se manifestera aussi par la publication d'un essai consacré au grand écrivain japonais Mishima, Mishima ou la vision du vide (1980).
En 1950, Marguerite Yourcenar se retire sur l'île des Monts désert (au large des côtes du Maine - Etats-Unis). Son chef d'oeuvre, Les Mémoires d'Hadrien, est publié l'année suivante. Il s'agit d'un roman historique dans lequel Marguerite Yourcenar confie la parole au grand empereur roman Hadrien. Tout en reconstituant la vie de l'empereur, l'auteur nous met en présence d'un humain particulièrement clairvoyant dont les méditations, les tâtonnements philosophiques constituent une véritable leçon de vie. L'ouvrage est écrit dans une langue magnifique, précise et rythmée mais difficilement accessible pour des collégiens.
Ses Nouvelles orientales (en particulier "Comment Wang Fo fut sauvé" ou "Kali décapitée)" sont accessibles de même que ses traductions de negro-spiritals (Fleuve profond, sombre rivière). Jusqu'au bout Marguerite Yourcenar aura voyagé, explorant les mystères de l'âme et la diversité culturelle de sa planète. C'est cette diversité, le sentiment d'étrangeté qui nous saisit face à l'autre qu'elle a cherché à mettre en oeuvre dans son écriture.

vendredi 2 juillet 2010

Coeur d'Encre de Cornelia Funke

Vous me suivez quand je commence? et bien continuez, les amis! sur un thème un peu - beaucoup - plus joyeux que le précédent... Coeur d'Encre de Cornelia Funke

Meggie, douze ans, vit en Italie avec son père. Elle est heureuse, simplement, au milieu de leur petite maison remplie de livres. Car les livres, c’est tout pour elle; comme pour Mo, son père. Les livres sont des amis qui vous murmurent à l’oreille. Où bien est-ce nos deux héros qui font murmurer les livres ? Meggie n’y a jamais pensé. Elle se contente du bonheur présent sans en demander plus. Si, peut-être, elle demande une mère. Car la sienne a disparue d’une façon étrange… et Mo refuse de lui livrer ce secret, il le garde. Jusqu’à cette nuit où un inconnu arrive. « Va au lit Meggie », lui dit son père, avant de s’enfermer dans son cabinet, avec le mystérieux homme. Mais qui voudrait aller se coucher dans de pareilles circonstances ? Surement pas la jeune fille. Se rêvant héroïne d’un de ses livres qu’elle adore, elle écoute à la porte. Mais elle ne comprend pas ce qui s’y dit : qui est Capricorne ? Et doigt et poussière ? Quel est ce livre qu’ils cherchent tous ? Elle ne le sait pas encore, mais cette nuit va changer le cours de sa vie, l’entrainant dans un monde qui est bien le sien, le notre mais qui, pourtant, est absolument différent… un livre mêlant avec brio amour et amitié, rêve et réalité.

Mon avis : qui pourrait penser qu’on entre si vite dans un livre ? Un livre qui ne paye pas de mine est qui pourtant est un vrai trésor. Une histoire merveilleuse où certains rêves feraient mieux de ne pas devenir réalité… je l’ai lu deux fois, et chaque fois je me suis retrouvée prise au piège de ces mots qui s’enchaînent avec tant de facilité, forgeant une histoire à la fois drôle et fantastique, pleine de rebondissements inattendus.

Info : un film est sortit l'année dernière , adapté du livre... voici la bande annonce... (j'ai beaucoup aimé le film lui aussi...)
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18849990&cfilm=118342.html

Alice Dégremont.

Niveau : Collège

Chante Luna de Paule du Bouchet

Varsovie, 1939. Luna est juive. Et alors ? Cela ne la rend pas différente des autres : elle a deux bras, deux jambes, deux yeux… rien d’exceptionnel. Ou si ! Elle a sa voix. Cette voix si belle, si douce. Elle aime chanter plus que tout, c’est sa passion, sa vie. Mais quand les Allemands entrent dans la ville, tout change : très vite, un mur est construit autour de la cité. Soit disant pour arrêter une épidémie, en réalité pour enfermer les Juifs qui y vivent. Varsovie devient un ghetto où l’on parque les hommes comme des animaux, simplement à cause de leur religion. Des dizaines entrent chaque jour mais personne n’en sort. Commence alors la privation, la maladie. Et à seulement 14 ans, Luna voit ses amis mourir décimés par les épidémies. Mais elle ne supporte pas de rester immobile, de regarder les autres s’éteindre autour d’elle. Alors, dans le cauchemar qu’est devenue sa vie, elle prend une décision : elle veut rentrer dans la résistance avec les deux seules armes qu’elle possède, sa voix et volonté de vivre et d’aimer. Et malgré les désillusions, malgré les épreuves, Luna garde espoir…
Avis personnel : Il y a des livres dont on ne sort pas indemne. Celui-ci en fait partie. Tant de roman ont été publié sur les juifs, sur les horreur de leur persécution. Mais celui-ci ne leur ressemble pas car il ne se complait pas dans l’évocation du malheur. Évidemment, il y a des passages qui nous font pleurer. Mais on continue à lire parce que cette fille, Luna, elle est comme nous tous et elle veut continuer de vivre, continuer de croire au bonheur. Alors entre larme et rire on la suit dans ses moments de doutes mais aussi dans ses moments de joie car il y en a. Un roman fort et juste, qui nous donne envie de vivre.

Alice Dégremont
Niveau : Collège

jeudi 10 juin 2010

L'autruche

Qu'est-ce qui, chez les quatrièmes 2, provoque cette fascination mimétique pour l'autruche ? Serait-ce l'air inspiré de l'animal, comme en témoigne la photo, ci-dessus - elle me fait penser à quelqu'un ? Ou est-ce l'amour de la littérature. Prévert immortalise le splendide volatile dans l'un de ces contes. En voici la fin :

L’AUTRUCHE
Ne m’appelle pas Madame, ça me fait mal aux ailes, appelle-moi Autruche tout court.
LE FILS POUCET
Oui, Autruche. Mais tout de même, ma mère, n’est-ce pas ?
L’AUTRUCHE, en colère
N’est-ce pas quoi ? Tu m’agaces à la fin et puis, veux-tu que je te dise, je n’aime pas beaucoup ta mère à cause de cette manie de mettre toujours des plumes d’autruche sur son chapeau…
LE FILS POUCET
Le fait est que ça coûte cher… mais elle fait toujours des dépenses pour éblouir les voisins.
L’AUTRUCHE
Au lieu d’éblouir les voisins, elle aurait mieux fait de s’occuper de toi, elle te giflait quelquefois.
LE FILS POUCET
Mon père aussi me battait.
L’AUTRUCHE
Ah! Monsieur Poucet te battait, c’est inadmissible. Les enfants ne battent pas leurs parents, pourquoi les parents battraient-ils leurs enfants ? D’ailleurs, Monsieur Poucet n’est pas très malin non plus, la première fois qu’il a vu un oeuf d’autruche, sais-tu ce qu’il a dit ?
LE FILS POUCET
Non.
L’AUTRUCHE
Eh bien, il a dit : « Ça ferait une belle omelette ! »
LE FILS POUCET, rêveur
Je me souviens, la première fois qu’il a vu la mer, il a réfléchi quelques secondes et puis il a dit : « Quelle grande cuvette, dommage qu’il n’y ait pas de ponts. » Tout le monde a ri mais moi, j’avais envie de pleurer, alors ma mère m’a tiré les oreilles et m’a dit : « Tu ne peux pas rire comme tout le monde quand ton père plaisante ! » Ce n’est pas ma faute mais je n’aime pas les plaisanteries des grandes personnes…
L’AUTRUCHE
… Moi non plus, grimpe sur mon dos, tu ne reverras plus tes parents mais tu verras du pays.

– Ça va, dit le petit Poucet et il grimpe.
Au grand triple galop, l’oiseau et l’enfant démarrent au triple galop, c’est un très gros nuage de poussière. Sur le pas de leur porte, les paysans hochent la tête et disent : « Encore une de ces sales automobiles ! Mais les paysannes entendent l’autruche qui carillonne en galopant : « Vous entendez, disent-elles en se signant, c’est une église qui se sauve, le diable court sûrement après. » Et tous de se barricader jusqu’au lendemain matin, mais le lendemain l’autruche et l’enfant sont loin.

Jacques PRÉVERT, Contes pour enfants pas sages, in Histoires et d’autres histoires, Gallimard, coll. « Folio Junior », 1977.

lundi 5 avril 2010

Les fonctions grammaticales

1/ Par rapport au nom
- Épithète : adjectif (ou participe passé) qui caractérise un nom. Peut être "liée" c. à d. placé à coté du nom ou "détachée" (apposé) c. à d. éloignée, dans la phrase, du nom.
Tabatha avait du mal à porter son énorme sac.

"énorme" est épithète de "sac" (épithète liée).
- Complément du nom : mot introduit par une préposition qui détermine le nom. Placé en principe à côté du nom.
Les crachats d'Aurore n'allaient pas très loin.
"d'Aurore" est complément du nom "crachats".
- Complément de l’antécédent (on peut dire complément du nom) ne concerne que les subordonnées relatives.
Les garçons qui avaient dépensé tout leur argent n'ont pas pu s'offrir un petit-déjeuner.
La subordonnée en gras est complément de l'antécédent "garçons".

2/ Par rapport au sujet (quelle que soit sa classe grammaticale).
- L’Attribut : fonction particulière : sert à caractériser le sujet du verbe par l’intermédiaire d’un verbe d’état : Guillaume semblait bien fatigué, après sa nuit passée à bavarder.
"fatigué" est attribut du sujet Guillaume.
Le sujet peut aussi être un infinitif :
Souffler n'est pas jouer.
Pour l'attribut du COD, voir leçon consacrée à l'attribut.

3/ Par rapport à l’adjectif
- Complément de l’adjectif (même construction que pour le complément du nom) :
Rachel est capable de se taire.
"de se taire" est complément de l'adjectif "capable".
- Complément du comparatif (rappel : le comparatif est une construction grammatical qui utilise les locutions "plus que", "moins que", "aussi que" pour établir une comparaison :
Céline est plus adroite qu'Emmanuel au bowling.
"qu'Emmanuel", dans cette phrase est complément du comparatif, "plus adroite"

4/ Par rapport au verbe
- Sujet (nom, pronom, infinitif, proposition) ; le sujet est l'auteur de l'action rapportée par le verbe, il répond à la question "qui est-ce qui...?" (ou qu'est-ce qui" ?) posée à partir du verbe ?
Laurie danse très bien.
Qui est-ce qui "danse"? Laurie = sujet de "danse"
- COD (nom, pronom, infinitif, proposition), répond à la question qui ? ou quoi ?
Margaux a effacé ses photos.
Margaux a effacé quoi? "ses photos" - "ses photos" = COD de "a effacé".
- COI , (nom, pronom, infinitif, proposition), répond aux questions à qui ? à quoi ? de qui ? de quoi ? Introduit le plus souvent par "à" ou "de"
Stanislas n'a pas résisté au mal de mer.
Stanislas n'a pas résisté à quoi? au mal de mer - "au mal de mer " = COI de "a résisté"
- COS, répond aux questions à qui ? à quoi ? de qui ? de quoi ? dans une phrase qui contient un COD
Mathilde a offerts des cadeaux sa soeur.
Mathilde à offerts quoi? des cdeaux (COD), à qui? à sa soeur (COS) - "à sa soeur" = COS de "a offert"
- Compléments circonstanciels de temps, de lieu, de manière, de moyen, de but, de condition, d’accompagnement, de cause, de conséquence, de concession ou d’opposition, de comparaison…
Ce sont des compléments introduits par une préposition et qui (souvent) peuvent être supprimés ou déplacés. Certains CCL sont essentiels.
Marine va à la piscine.
"à la piscine", CCL, est indispensable au verbe aller.
Mais la plupart des CC peuvent être supprimés.
Matthieu a corrigé le QCM d'Angèle avec sévérité.
Le CC de manière "avec sévérité" n'est pas indispensable.
- Complément d’agent : c’est le complément d’un verbe à la forme passive. Introduit par « de » ou « par ».
- Le professeur a, très injustement, pulvérisé le crayon de Rachel (phrase active avec sujet + verbe + COD)
- Le crayon de Rachel a, très injustement, été pulvérisé par le professeur (phrase passive avec sujet + verbe à la tournure passive et complément d'agent - "par le professeur").

Ill. La Grammaire impertinente de J.L. Fournier peut-être une façon de se réconcilier avec la grammaire, L'auteur s'est amusé à inventer des exemples loufoques ou à conjuguer des verbes inattendus. Pas question pour lui d'utiliser le verbe "chanter" comme modèle des verbes du premier groupe, il lui préfère le verbe "péter" dont l'imparfait du subjonctif ("que je pétasse...") se retient bien mieux.

jeudi 18 mars 2010

Les expansions du nom

1/ Le groupe nomminal
Le groupe nominal est un groupe organisé autour d'un nom. Le déterminant vient donner, sur le nom une précision d'ordre grammatical (genre, possesseur...) l'(les) expansion(s) permettent de préciser la détermination.

Ex : Dans le GN "un bonnet", le nom bonnet n'est pas déterminé.
Mais dans le GN, "le bonnet de Cédric", vous comprenez immédiatement que le bonnet dont il est question est l'horrible chose qui dissimule la coiffure de Cédric.

2/ Les expansions

On en distingue généralement quatre :

A. L’adjectif épithète, placé à côté du nom qu’il qualifie (souvent après).
Ex. : Un sac rose, "rose" est un adjectif qualificatif épithète de sac.
ATTENTION : l'adjectif épithète peut être éloigné du nom qu'il qualifie.
Enervée, parce qu'on lui avait pris son sac, Lucie s'est mise à courir dans le couloir.
"Enervée" est une épithère détachée de Lucie, certaines grammaire disent de cet adjectif qu'il est apposé.

B. Le complément du nom est, quant à lui, introduit par une préposition et invariablement placé après le nom.
Ex. Le bonnet de Cédric.
Le complément du nom peut lui-même être déterminé par un complément du nom.
Ex. Le carnet de liaison de Lucie.

C. La subordonnée relative est une proposition introduite par un pronom relatif.
Liste des pronoms relatifs : qui, que, quoi, dont, où, lequel et ses dérivés (laquelle, duquel, desquelles...)
Ex: Les filles qui ont consulté google map ont compris qu'elles allaient loger dans un clapier. La subordonnée "qui ont consulté google map" précise le nom "fille".

D. L'apposition
Sera abordée plus tard.

mercredi 17 mars 2010

L'enfance de Charlotte Brontë

Charlotte Brontë est l'aînée de la fratrie Brontë. Ou plutôt, elle le devient puisque jusqu'en 1825, (elle a neuf ans) elle perd ses deux soeurs Maria et Elizabeth qui meurent de la tuberculose. Leur décès n'est sans doute pas étranger aux conditions de vie déplorables que le pensionnat de Cowan Bridge fournissait à ses pensionnaires. Et l'on peut penser que ce sont ces conditions de vie que dénonce Charlotte dans Jane Eyre.
Pour en savoir plus sur Cowan Bridge et les mauvaises conditions de vie dans les pensionnats anglais :
http://wapedia.mobi/fr/Maria_Bront%C3%AB
Charlotte et Emilie qui avaient aussi été envoyées à Cowan Bridge sont ramenées à la maison et seront laissées plus ou moins à elles-mêmes. Le pasteur Brontë est veuf et place tous ses espoirs en Branwell, l'unique garçon né en 1817 et à qui il donne des cours de latin, d'histoire...
La passion de l'écriture naît semble-t-il très vite dans la famille. Ce sont les petites figurines de plomb (des soldats) de Branwell qui inspirent d'abord des histoires aux enfants. Charlotte et Branwell unissent leur imagination pour écrire les chroniques d'Angria : histoires romanesques qui ont pour héros des princes et princesses de royaumes imaginaires situés en Afrique.
Anne (la plus jeune) et Emily rédigent de leur côté les chroniques de Gondall. Si les chroniques d'Angria sont connues, elles ont été retrouvées et étudiées par les chercheurs), les chroniques de Gondall ont disparu : est-ce Emily qui les a détruites? Ou Charlotte? En tant que survivante de la fratrie, c'est elle qui administra les papiers de ces frères et soeurs. L'énigme subsiste.

samedi 13 mars 2010

Les fonctions essentielles

Toujours problématiques les fonctions.

Comment expliquer ça simplement?

Vous chercher la fonction d'un mot ou d'un groupe de mot, vous cherchez le rôle qu'il joue dans la phrase. Donc, sauf si la phrase se limite à un mot, ces mots dont vous cherchez la fonction jouent un rôle les uns par rapport aux autres.

Il y a, dans la phrase, des fonctions essentielles.

Prenez une phrase comme : Mathilde a giflé.

Vous sentez bien qu'il manque quelque chose à cette phrase. Sans compter que vous avez envie de savoir qui elle a giflé.

Ce petit exemple vous montre que ce qui fait défaut dans cette phrase est un mot dont on ne peut pas se passer.
Mathilde a giflé Charlotte.
Nous voici avec une phrase beaucoup mieux construite et qui nous fait comprendre que le verbe "gifler" avait absolument besoin de Charlotte pour sa construction.

En conséquence si l'on vous demande: "quelle est la fonction de Charlotte?" Vous ferez attention : il faut répondre : "COD" de "a giflé" (ou du verbe "gifler"). Vous mettez ainsi "Charlotte" en relation avec le verbe. Ce qui est logique quand on vous demande de trouver une fonction puisqu'une fonction est une mise en relation.

Si l'on récapitule : quelles sont les fonctions essentielles? Nous aurons

Le sujet : la phrase, "a gifflé Charlotte", serait elle aussi boiteuse, il nous faut, cette fois-ci absolument "Mathilde" qui est évidemment le sujet.

Le COD, on l'a vu.

Le COI : imaginez une phrase comme "Rachel parle à", voilà une phrase sans intérêt et en plus je suis sûr que vous voudrez savoir à qui parle Rachel. Et bien, nous dirons qu'elle parle à Tabatha. Et voilà Tabatha devenue touta aussi indispensable au verbe parler que Charlotte ne l'était au verbe gifler. Tabatha est donc COI de parler, parce qu'introduite par la préposition "à".

Relèvent également des fonctions essentielles le COS (parfois), l'attribut et certains CCL. Essayez de priver les phrases ci-dessous des groupes en gras.

Le professeur a privé Rachel de son stylo (COS du verbe priver).

Elle n'est pas très contente (attribut du sujet "Elle").

Mais elle ira quand même en Angleterre (CCL du verbe "aller").


Exemple d'abécédaire réalisé à partir des "Fleurs du Mal" de Baudelaire

Beauté : La beauté est le centre des réflexions de Baudelaire . Il pense que le « beau est toujours bizarre » et se propose avec ce recueil...